Shipwreck Lodge, Vallée de la rivière Hoarusib, Parc national de la côte des squelettes
La troisième étape de notre séjour Namibien s’est déroulée dans le Parc National de la Côte des Squelettes (Skeleton Coast National Park). La carte ci-dessous situe ce parc qui
occupe une bande côtière d’environ 50 km de largeur s’étendant depuis, au Nord, l’Angola jusque, au Sud, la « National West Coast Tourist Recreation Area » aujourd’hui rebaptisée Dorob National
Park (visité le 1er jour de notre voyage, voir Walvis Bay). Ce parc est en majeure partie occupé par le Désert du Namib.
On peut également observer sur cette carte 33 silhouettes de bateaux situées tout au long de la Skeleton Coast ainsi que, plus au sud, du Parc Namib-Naukluft. Chaque silhouette représente » l’un
des nombreux bateaux qui ont fait naufrage le long de la côte de la Namibie sur laquelle ils avaient été drossés lors de tempêtes par les courants violents qui longent cette côte dont les nombreux
rochers sont souvent masqués par un épais brouillard. Les Portugais, qui furent au XVème siècle les premiers Européens à découvrir les côtes de la Namibie, les avaient qualifiées de « Portes de
l’Enfer ».
Le nom de « Côte des squelettes » a été donné à la partie Nord de cette côte Atlantique du fait du grand nombre de « squelettes » de navires qu’on y trouve (photos ci-dessous).
Mais tout autant du fait des nombreux véritables squelettes, ou au minimum cranes de baleines, très abondantes sur cette côte, mais furieusement chassées pendant des lustres, ainsi que d’otaries,
aujourd’hui encore massacrées en grand nombre par les Namibiens qui les considèrent comme des concurrentes pour leur activité de pêche. Auxquels s’ajoutaient quelques squelettes de mammifères
tués par des prédateurs, et même d’humains, naufragés morts de faim et de soif sur cette côte désertique.
Le parc national du même nom a été créé en 1971 dans le but de protéger la faune et la flore particulièrement originales de cette côte: quelques Eléphants, Rhinocéros noirs, Girafes et Antilopes
(Gemsboks et Springboks) adaptés au désert, et, en ce qui concerne la flore, quelques végétaux spécialisés du désert, parmi lesquels la célèbre Welwitschia mirabilis qui peut vivre plus de 100,
voire 1000 ans et dont nous reparlerons plus loin.
A noter qu’ayant perdu du fait d’une carte mémoire défectueuse une partie des photos prises pendant ce séjour sur la côte des squelettes, nous avons du en remplacer quelques unes par des clichés
non protégés trouvés sur internet. Nous l’avons le plus souvent mentionné.
Carte ancienne de la Côte des squelettes (Skeleton coast) de la Namibie indiquant la position des nombreuses épaves qui la parsèment. A partir de 1971, le Parc National de la côte des squelettes (Skeleton Coast National Park) a protégé la faune et la flore côtières sur une profondeur de 25 miles à partir de l'océan. Le Nord de l'actuelle Namibie avait précédemment constitué une réserve de gibier jusqu'à la fin de l'occupation allemande, puis l'Afrique du Sud qui avait alors incorporé la région abolit la protection de sa faune, et développa sur place des réserve ethniques comme celle des Himbas. Une grande partie des animaux sauvages fut massacrée à cette époque par des braconniers et des éleveurs.
Une des nombreuses épaves de bateaux visibles le long de la côte des squelettes, dans le Parc National de la côte des squelettes (Skeleton Coast National Park), Namibie. Celle-ci est assez bien conservée. Souvent, un panneau portant le nom du navire, sa nationalité, la date de son naufrage, et éventuellement le sort de ses naufragés peut être trouvé prés de l'épave, ou à son niveau au bord de la piste qui longe l'océan.
Une autre épave située au Nord de la Côte des squelettes. Photographiée à marée basse. L'épave est mieux conservée du fait de son ensablement prés de la côte. Photo issue du matériel promotionnel fourni par le Skeleton Coast Shipwreck lodge.
La carte précédente permet également de distinguer, en bleu vert :
Le cours tortueux de la rivière Hoanib, dont nous avions visité la vallée au cours de l’étape précédente,
au Nord de l’embouchure de l’Hoanib dans l’océan, la Baie de Möwe (« Möwe Bay »), site d’une importante colonie d’Otaries à fourrure du Cap (Arctocephalus pusillus) que nous allions avoir
l’occasion d’observer à 2 reprises au cours de notre séjour sur la côte des squelettes.
Enfin, encore plus au Nord et de nouveau en bleu vert, le cours de la rivière Hoarusib, une autre rivière éphémère comme la rivière Hoanib, prés du delta de laquelle se situe le SkeletonCoast Shipwreck Lodge (littéralement Lodge des Naufrages de la Côte des Squelettes) qui nous a hébergés pendant 3 jours.
Depuis le Hoanib valley Camp, nous aurions probablement pu rejoindre le Shipwreck lodge en suivant le lit de la rivière Hoanib jusque la côte, puis en remontant celle-ci vers le Nord. Mais ceci
nous aurait pris une journée supplémentaire, ce que le recours à une avionnette, qui nous a déposés sur un air strip près de la Möwe Bay, nous a évité. C’est prés de cet air strip que nous avons
fait la connaissance de Schimmi, un jeune guide issu de la tribu des Ovambos, qui devait nous prendre en charge pendant les 3 jours suivants. C’est lui qui nous emmena en 4/4 jusqu’au lodge en
rejoignant la côte puis en la longeant vers le Nord.
28 Novembre : TRAJET AIR STRIP-SKELETON COAST SHIPWRECK LODGE
Pendant ce trajet d’environ 3 heures, nous avons fait un premier stop au niveau la Möwe Bay où réside une colonie d’otaries à fourrure que nous revisiterons 2
jours plus tard. Quelques centaines de mètres plus loin quelques vieux bâtiments bordent la baie. Ils incluent une station météorologique, 2 ou 3 maisons pour ses employés, et un petit musée assez
kitsch, mais dont la visite vaut la peine. Il contient, outre des coupures de journaux anciens rapportant des évènements survenus sur cette côte, une collection hétéroclite d’objets venus s’échouer
sur la plage : pierres semi-précieuses, ossements de baleines, crane de calamar géant, hélice d’un avion qui s’écrasa près du site, et même la proue sculptée d’un bateau ancien.
Le reste du trajet nous permit d’observer 3 épaves de bateaux naufragés gisant prés de la côte (photos ci-dessous), puis de slalomer entre les vestiges rouillés d’une mine de diamants aujourd’hui
abandonnée. Tandis que nous longions, côté intérieur des terres, une véritable mer de dunes parsemées d’amas rocheux.
Au plan naturaliste , l’expérience la plus importante fut notre premier contact avec la colonie d’Otaries à fourrure du Cap de Möwe Bay. Certainement moins impressionnante
que celle plus célèbre de Cape Cross, située plus au sud (on y aurait aurait compté jusque 6,5 millions d’otaries). Il y en avait tout de même plusieurs centaines à Möwe bay, que nous pouvions
approcher d’assez près pour observer leur comportement. Nous y sommes retournés 2 jours plus tard. Sur et autour de ce site, nous avons également pu observer une quinzaine de Goélands
Dominicains, ainsi que 5 Corbeaux Pie (Pied crow, Corvus alba), et un vol d’une cinquantaine de Cormorans du Cap.
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), Mâle adulte entouré de son harem et d'un juvénile, Colonie de Möwe bay, Parc National de la Côte des squelettes, Namibie. Aperçu d'une toute petit partie de la colonie avec, au fonds, une énorme vague qui explose sur la côte rocheuse. Le mâle se distingue par sa grande taille et son embonpoint, et le bébé, sur la gauche, par sa couleur noire.
Otaries à fourrure du sud (South African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), interaction d'une mère et de son petit, Möve bay, Parc National de la côte des squelettes, Namibie. Tandis qu'à l'arrière plan l'océan atlantique est comme souvent très agité, un bébé Otarie à fourrure fixe sa mère de ses yeux énamourés tandis qu'elle lui chatouille involontairement le nez avec ses grosses moustaches!
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), femelle adulte surveillant une petite crèche de 3 juvéniles , Möwe bay, Parc National de la Côte des squelettes, Namibie. Une mini-crèche de 3 bébés tout noirs comme tous les bébés otarie de cet âge, gardés par une adulte qui vient probablement de sortir de l'eau vu qu'elle est elle aussi toute noire alors que ces otaries ont une couleur gris brun plus claire lorsqu'elles sont sèches. Le bébé du haut pourrait être en train de la téter.
Goéland dominicain (Kelp gull, Larus dominicanus), adulte survolant l'océan prés de la colonie d'otaries de Möve Bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Le plus grand goéland de la région. Il ne pourrait être confondu qu'avec le Goéland brun (Larus fuscus), un peu plus petit, et dont le bec est nettement moins massif. Celui-ci survolait la colonie d'otaries, et cherchait probablement à y repérer quelque chose à manger!
Goélands dominicains (Kelp gull, Larus dominicanus), 8 adultes et un juvénile de première année posés à la périphérie d'une colonie d'Otaries à fourrure du sud, Möve Bay, Skeleton Coast National Park, Namibie. Les colonies d'Otaries sont une source importante de nourriture pour les Goélands Dominicains. Ceux-ci se repaissent en effet des placentas expulsés par les mamans otaries après leur mise bas, ainsi que des cadavres de bébés otaries mort-nés ou décédés en bas age. On en trouve de ce fait régulièrement aux alentours des colonies d'otaries.
Cormorans du Cap (Cape cormorant, Phalacocrorax capensis) longeant la côte au vol, Möwe Bay, Parc National de la côte des squelettes, Namibie. Un cormoran un peu plus gros que le Cormoran couronné vu à Swakopmund, et dont il n'a pas la crète. Sa peau gulaire est aussi moins orange que celle du couronné. On le voir souvent comme ici passer au vol en longues files le long des côtes.
LE SKELETON COAST SHIPWRECK LODGE
Nous avons atteint vers 17h ce lodge, l’un des rares établis dans le Nord de la Côte des Squelettes, et probablement le plus original. Le Shipwreck Lodge a été construit à proximité de l’embouchure
dans l’océan Atlantique d’une autre rivière éphémère (glossaire), l’Hoarusib. Il est aussi situé à une centaine de mètres des flots souvent furieux de cet océan, et adossé à un véritable mer de
dunes mouvantes et résonnantes que nous avons commencé d’explorer le jour même.
Les bâtiments du lodge ont été construits de façon à évoquer les abris qu’avaient dû fabriquer les marins naufragés qui avaient tenté de survivre sur cette côte aride, utilisant des morceaux de
l’épave de leur bateau. Dix bungalows confortables ressemblant à des bateaux à bascule ont ainsi été construits pour héberger les visiteurs. Nous avons eu la chance que nous soit attribué celui
qui était le plus éloigné du bâtiment central, et donc le plus isolé dans les dunes.
Le Skeleton Coast Shipwreck Lodge: vue d'ensemble prise depuis le haut des dunes (photo Shawn-van). Entouré du désert, sur la gauche le bâtiment principal (accueil et restaurant), et sur la droite les 5 premiers des 10 bungalows. Photo issue du matériel promotionnel du lodge.
Shipwreck lodge (Côte des squelettes, Namibie): notre bungalow. Bien isolé dans le désert de sable, à l'extrémité de la rangée des 10 bungalows disponibles. Il nous fallait une dizaines de minutes de marche pour l'atteindre. En contrepartie l'avantage de n'entendre aucun des bruits pouvant résulter des 4/4 amenant les visiteurs ou les emmenant visiter la côte.
L'Océan Atlantique et les dunes côtières à quelques dizaines de mètres du Shipwreck Lodge. Photo issue du matériel promotionnel du Shipwreck lodge disponible sur internet.
LES DUNES MOUVANTES ET RÉSONNANTES DU SHIPWRECK LODGE
Situées à peu de distance du lodge, nous avons commencé leur exploration dés la fin de l’après-midi. Ces dunes méritent les qualificatifs précédents du fait de leur propension à se déplacer rapidement
sous l’effet des vents, et du bruit étrange et plutôt inquiétant qui semble monter du sable lorsqu’on les dévale.
Masse rocheuse semblant "caler" la première dune au bord de l'Océan atlantique, Shipwreck lodge, Côte des Squelettes, Namibie. Photo prise à mi-journée, après évaporation du brouillard venu de l'océan au cours de la nuit, et qui ne se dissipe habituellement pas avant le début de l'après-midi.
Une partie de la mer de dunes s'étendant à l'arrière du Shipweck Lodge, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. La photo a été prise d'un promontoire rocheux surplombant les dunes les plus élevées. La dénivellation visible dans le tiers supérieur de l'image correspond au lit de la rivière Hoarusib alors à sec, mais encore occupé par un peu de brouillard au moment de la photo.
Détails d'une des dunes mouvantes situées à l'arrière du Shipwreck Lodge, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Creux (qui paraissent noirs du fait de l'ombre qui s'y loge) et bosses se forment et s'effacent très vite sous l'effet des vents. Lorsque ceux-ci sont forts, une heure peut suffire à transformer le paysage et les repères qu'on y avait pris. Le risque est donc grand de se perdre dans un tel environnement, ce qui pourrait avoir des conséquences graves.
Autre exemple de dunes mouvantes comportant une ou plusieurs dépressions profondes. Les silhouettes de Jacques et de notre guide Schimmi donnent l'échelle. La fosse abrupte séparant les 2 dunes mesurait plus de 5 m de profondeur. Les berges de ces fosses sont très friables et on peut facilement perdre son équilibre en les foulant. Ces dunes mouvantes sont aussi "rugissantes », c'est à dire que lorsqu'on glisse sur leur pente, le sable résonne en faisant un bruit très étrange.
Ensemble de dunes mouvantes proche du Shipwreck Lodge, avec leurs fondrières, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. En haut et à droite du cliché on voit de nouveau se dessiner le lit asséché de la rivière Hoarusib que nous allons explorer le lendemain.
Coucher du soleil sur les dunes de la Côte des Squelettes, Schipwreck lodge, Namibie. La ligne irrégulière derrière laquelle le soleil va bientôt se retirer est faite d'éminences rocheuses et argileuses, ainsi que de la cime d'autres dunes que nous allions explorer le lendemain sur la rive opposée de la rivière Hoarusib.
29 11: LA VALLÉE DE LA RIVIERE HOARUSIB ET SES « CHATEAUX »
La rivière Hoarusib prend sa source prés d’Opuwo, la capitale régionale du Kunene et rejoint l’océan après 300 km. Bien qu’éphémère, elle permet comme l’Hoanib, que nous avions quitté la veille,
et même un peu plus qu’elle car elle coule un peu plus souvent, d’apporter épisodiquement de l’eau dans cette partie du désert. Essentiellement pendant les saisons des pluies de Novembre-Décembre,
qui débuta pendant notre séjour, et de Février-Mars. Cette eau peut persister plusieurs mois dans des cavités rocheuses ou, grâce au sous-sol argileux, en dessous du sable de surface. Le résultat
en est une variété remarquable d’habitats et d’écosystèmes permettant la survie de végétaux et d’animaux ayant su s’adapter à leurs conditions très particulières. Y compris des grands mammifères
comme ceux que nous avions observé dans la vallée de l’Hoanib. Nous avons consacré une journée presque complète à remonter la partie la plus basse de la vallée de l’Hoarusib, ainsi que de nouveau
3 heures en fin d’après-midi le 3ème jour.
A noter que le matin de la journée consacrée à la vallée de l’Hoarusib, nous avons reçu une légère pluie durant une heure, correspondant de nouveau, et pour la troisième fois de notre voyage Botswana-Namibie,
à la première pluie de l’année !
Cadre paysager de la vallée: L a rivière était ici aussi à sec lors de notre séjour. Pourtant tant son lit que ses berges supportaient une végétation d’abord éparse, mais dont
la richesse augmentait au fur et à mesure de notre remontée de son cours. Ce qui suggérait la présence récente d’eau dans son sous-sol. Nous décrirons plus loin les espèces végétales les plus
intéressantes que nous y avons observées.
C’est dans sa partie la plus basse (proximité de l’océan) que le lit de l’Hoarusib était le plus large et le moins vert. A ce niveau la rivière était encadrée par les vastes étendues de dunes décrites
plus haut. Mais au fur et à mesure de notre remontée de son lit, les dunes ont été remplacées par de hauts massifs argileux et/ou rocheux. De loin les façades orange de certaines, sculptées par
l’érosion, évoquaient de magnifiques châteaux, ce qui leur a valu leur nom. Au-delà ce sont des massifs exclusivement rocheux, moins spectaculaires, qui ont remplacé les sculptures d’argile et
encadré ce lit.
Lit asséché de la rivière Hoarusib prés de son embouchure dans l'océan atlantique, Shipwreck lodge, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie On voit sur cette photo qu'à la fin de son trajet, la rivière Hoarusib est encadrée par la mer de dunes qui longe la côte des squelettes.
Un "chateau" de la vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des squelettes. Difficile d'affirmer à la distance d'où nous avons pris cette photo s'il s'agissait d'un château d'argile, ou plus probablement d'une formation purement rocheuse. Notez les grands végétaux à l'allure de cactus, qui sont en fait des plantes succulentes appelées Euphorbe arborescente ou candélabre (Euphorbia candelabrum) susceptibles d'atteindre 15 m de haut. Leur sève est toxique tant par ingestion que par contact avec les muqueuses.
Chateau d'argile dans la vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Ces curieux châteaux d'argile, spectaculaires lorsqu'on les aperçoit de loin, ont été sculptés par l'érosion dans des massifs intercalant des couches d'argile et d'autres de rochers. Lors des rares pluies qui surviennent dans la région, alors souvent torrentielles, puis des flots tumultueux qu'elles induisent , les rochers sont emportés, laissant a nu les couches argileuses.
Faille séparant 2 châteaux d'argile et menant à une étrange porte ouverte dans la muraille, Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie La porte qui de loin semblait ouverte était en fait aveugle. Mais l'ascension du "château" de droite nous permit de bénéficier d'un panorama remarquable.
Gros plan sur le relief d'un château d'argile adossé à un massif rocheux. Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. 0n distingue bien sur ce cliché le détail des étonnants effets de l'érosion: des sortes de piliers verticaux se sont formés, réguliers, donnant l'impression qu'ils ont été sculptés par un artiste, chacun soutenant une sorte de buste, évoquant les 12 apôtres qu'on trouve souvent sculptés à l'entrée des églises bretonnes.
Environnement montagneux et grand Acacia Erioloba (Camel thorn), dans la vallée de la rivière Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. On distingue au fonds et à gauche le lit de la rivière juste avant les premiers rochers. L'acacia erioloba a résisté aux premiers assauts des éléphants, qui n'ont pu lui arracher que les branches les plus basses et pas encore trop d'écorce, ce qui signerait sa mort. Cet arbre peut atteindre 20 m. Ses feuilles sont consommées par les girafes, et ses gousses en forme d'oreille par toutes sortes d'herbivores dont les éléphants qui les récoltent sur le sol.
QUELQUES VÉGÉTAUX DU DÉSERT OBSERVÉS DANS LA VALLÉE DE L’HOARUSIB : Des plantesétonnantes sont capables de s’adapter à des sols aussi arides
queceux des déserts.Outre l’ Euphorbe Candélabre et l’Acacia Erioloba décrits ci-dessus, nous en présentons 7 autres ci-dessous parmi celles que nous avons observées
dans les différents biotopes de la vallée. La plus étonnante est certainement la Welvitschia. Cette plante hautement spécialisée est capable de se développer dans les déserts
les plus arides à condition d’être exposée au brouillard quasi quotidien de la côte namibienne. Elle peut alors absorber les gouttelettes d’eau qui constituent ce brouillard et se déposent sur
ses feuilles, puis ruissèlent sur ses racines, selon un modèle utilisé par d’autres espèces. La Welwitschia peut vivre plus de 100 ans, et semble-t-il jusque plus de 1000, voire 2000 ans. Parmi
les autres espèces, quelques arbres dont l’Arbre à carquois, un autre des végétaux les plus célèbres de l’Ouest de l’Afrique australe, que nous n’avons en fait pas eu l’occasion
d’observer au cours de ce voyage en Namibie. C’est sur la côte atlantique de l’Afrique du Sud que nous avons pris la photo que nous présentons ici.
Welwitschia mirabilis, Une plante peut-être éternelle! Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Cette plante n'a que 2 feuilles allongées qui croissent indéfiniment dans des directions opposées. Son nom Afrikans peut être traduit par "2 feuilles qui ne peuvent pas mourir". Selon les travaux du Chinois Tao Wan (Schenzen), ses particularités pourraient être la conséquence d'une duplication de son génome survenue il y a plus de 70 millions d'années à l'occasion d'un stress thermique prolongé. Elle peut vivre plus de 100 ans, voire jusque 1000 ans et plus.
Bougie du bushman (Bushman's candle, Mansonia ou Sarcocaulon patersonii), Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. La célèbre "bougie du bushman" est une plante succulente et épineuse, à tiges ligneuses et épaisses (diamètre > 1 cm), ne se développant (au plus jusque 50 cm) que dans les déserts très arides de l'Afrique australe. Elle comprend plusieurs variétés des genres Monsonia et Sarcocaulon actuellement +/- fusionnés (voir en ligne l'article richement illustré de J A Audisson "The genus Sarcocaulon)".
Bougie du bushman (Bushman's candle, Mansonia ou Sarcocaulon patersonii), gros plan, Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. On voit mieux sur ce gros plan le caractère succulent des feuilles et une sorte d'enduit correspondant à la résine que secrète abondamment cette plante. Résine qui la protège d'une évaporation excessive, mais qui est aussi très inflammable, permettant de ce fait d'utiliser la plante comme une véritable bougie naturelle. Cette résine riche en coumarine serait aussi bénéfique pour les drainage veineux et lymphatique et aurait des vertus régénératives. La plante est de ce fait largement utilisée par les femmes Himbas pour leurs ablutions, afin de protéger leur peau du soleil, et de la parfumer (odeur d'encens). Ajoutées au feu, les tiges de Mansonia parfument aussi la viande d'Oryx tandis que leur fumée repousse les moustiques!
Euphorbe vireuse (Euphorbia virosa) encore jeune, Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Au stade adulte, cette Euphorbe forme un chandelier très épineux ressemblant à certains cactus. Sa sève est légèrement toxique, mais beaucoup moins que celle de sa cousine Damarana. Son contact entraine une sensation d'irritation. On la trouve principalement sur des terrains rocheux.
Euphorbe damarana (Euphorbia damarana ou Damara milk-bush), la plante la plus toxique de Namibie, Parc National de la Côte des Squelettes. Ses tiges contiennent un latex laiteux très toxique, et il faut éviter de s'y frotter. La tribu des San l'utilise pour empoisonner les points d'eau, et récolter les poisson ainsi tués. Ils appliquent aussi cette sève sur les pointes de leur flèches, ce qui paralyse les proies touchées. Certains animaux comme les Rhinocéros noirs et les Oryx sont cependant résistants à ce poison, et se nourrissent de ces euphorbes.
Zygophyllum stapfii (Dollar bush), une espèce endémique du désert du Namib, Namibie. Ce cliché emprunté à Klaus Rudloff, de Berlin (kdrudloff@web.de) du fait de la perte de nos propres photos, détaille remarquablement les feuilles épaisses et juteuses de cette plante succulente. Gorgées d'eau, elles sont une aubaine pour les Gemsboks et autres Springboks qui s'abreuvent autant qu'ils se nourrissent en les broutant lorsqu'ils sont loin de tout point d'eau. Ces feuilles ont aussi la capacité de se mobiliser pour limiter l'évapotranspiration et donc protéger leur eau. A cet effet elles s'orientent de façon à ne présenter au soleil que leur profil, et leurs 2 folioles se replient l'une sur l'autre pour réduire encore leur irradiation. C'est leur forme arrondie, et leur taille d'une pièce d'un dollar qui leur a valu leur nom anglais de Dollar Bush. Cette plante pousse lentement jusque 1 m de hauteur.
Arbre aux carquois ou Faux dragonnier (Quiver tree, Aloidendron dichotomum), Augrabie Falls National Park, Afrique du Sud. Cette extraordinaire plante succulente arborée peut atteindre 9m de haut et vivre 300 ans. Elle tire son nom de l'utilisation de ses branches évidées par les bushmen San qui en font des carquois pour leurs flèches. Bien que très résistant à la chaleur et la sécheresse, cet arbre est désormais inscrit sur la liste rouge des végétaux menacés d'Afrique australe, du fait du réchauffement climatique (une t° excessive inhibe sa photosynthèse) et de sa reproduction très peu performante (seulement à partir de 10 à 20 ans, et pas chaque année).
Palmiers Macalani (Macalani palm, Hyphaene petersiana), Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Un beau palmier à feuilles en forme d'éventail présent dans les régions basses d'Afrique australe et de Tanzanie. Pousse lentement jusque 5 à 7 m (parfois 10 à 15 m). Les Ovambos distillent ses gros fruits ronds pour en faire leur liqueur traditionnelle. Comme les Himbas, ils en sculptent aussi artistiquement les noyaux. Famille des Arecaceae.
Feuilles de l'arbre Mopane (Mopane tree, Colophospermum mopane), caractéristiques par leur forme en ailes de papillon (Photo Bernard Dupont, flickr). Le Mopane est un arbre commun en dessous de 1150 m dans le Nord de l'Afrique australe et spécialement de la Namibie. Il y mesure 7 à 18 m de hauteur. On le reconnait facilement par la forme de ses feuilles. Son bois rougeâtre est décoratif mais très dur et difficile à travailler. Il résiste aux termites et est utilisé pour faire des parquets, des instruments de musique et des objets décoratifs. De plus le "ver du mopane" (mopane worm, Gonimbrasia belina) qui le parasite est riche en protéines , vitamines et sels minéraux, et largement consommé par la population locale. Cet arbre est donc pour différentes raisons une source de revenus pour les Namibiens.
LES OISEAUX DE LA VALLÉE DE L’HOARUSIB : Nous avons identifié un total de 26 espèces pendant les 3 jours passés dans le Shipwreck lodge, dont 17 dans la vallée de l’Hoarusib. Le soulignement d’un nom d’espèce signifie qu’elle est représentée plus bas par 1 ou plusieurs photos. Parmi les espèces vues dans la vallée:
Une seule de rapace, la Buse Augure, 3 individus
dans une zone de basse montagne
33+ Alouettes cendrille (famille des alaudidés)
vues en 2 occasions cherchant leur nourriture dans des zones de prairie courte
30+ Astrilds ondulés (Common waxbill, Estrilda astrild), famille des estrilidés
32+ Hirondelles isabelline (Rock Martin, Ptyonoprogne fuligula), hirundinidés, virevoltant sans cesse autour de nous pour capturer des insectes au vol, ou attaquant les
Buses augure.
1 Martinet des palmes (African palm swift, Cypsiurus parvus), apopidés.
De la famille des Muscicapidés, 9 Traquets Montagnard (Myrmecocichia monticola,Mountain wheatear) et 6 Traquets familier (Familiar chat, Oenanthe familiaris), 2 espèces déjà observées
et photographièes dans la Vallée de l’Hoanib (§ photos de la Vallée
de l'Hoanib). De plus 1 Traquet tractrac.
3 Tisserins Safran et 1 Tisserin intermédiaire (Lesser-masked
weaver, Ploceus intermedius), famille des Ploceidés.
3+ Bergeronnettes du Cap (Cape wagtail, Motacilla
capensis), Motacillidés, peu farouches et principalement vues sur le sable du camp.
Parmi les Passereaux de taille moyenne :
1 Rufipenne naboroup ( Pale-winged Starling, Onychognathus nabauroup), Sturnidé aussi observé dans la vallée de l’Hoanib,
1 espèce de l’ordre des Musophagiformes: 2 Touracos concolore (Grey Go-away bird, Crinifer concolor), aussi vus dans la
vallée de l’Hoanib.
Buse augure (Augur buzzard, Buteo augur), probable femelle adulte, Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Kunene, Namibie C'est l'ébauche de collier noir qui indique son genre féminin. De plus cet oiseau était plus gros que le mâle représenté sur le cliché suivant, comme c'est le cas chez la plupart des rapaces chez qui c'est la femelle qui est la plus grosse.
Buse augure (Augur buzzard, Buteo augur), mâle adulte planant au dessus de la vallée de la rivière Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Kunene, Namibie. Sans aucun doute mâle selon sa taille un peu plus petite et l'absence de toute ébauche de collier noir. Plusieurs fois houspillé par des groupes d'Hirondelles Isabelline. Noter la queue courte et arrondie.
Buse augure (Augur buzzard, Buteo augur), adulte à l'envol, Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la côte des squelettes, Kunene, Namibie. Peu de risque de confusion de formes aussi claires que celle-ci avec d'autres rapaces lorsqu'elles sont vues par dessous: la buse augure est la seule à avoir un dessous d'aile aussi blanc, à l'exception de l'étroite bande noire qui en souligne le contour.
Alouette cendrille adulte (Red-capped lark, Calandrella cinerea), Vallée de la rivière Hoarusib, Parc National de la Côte des squelettes, Kunene, Namibie. Nous avons observé ce jour là en deux fois une grosse trentaine de ces jolies alouettes caractérisées par leur cape et leurs épaulettes roux vif. Chaque fois elles exploitaient une petite surface de savane herbacée courte où elles cherchaient leur nourriture.
Alouette cendrille (Red-capped lark, Calandrella cinerea ssp spleniata), probable mâle chantant, Vallée de la rivière Hoarusib, Côte des squelettes, Kunene, Namibie. Cape et épaulettes rouges sont plus marquées chez les mâles Cendrille que chez les femelles. L'Alouette Cendrille pourrait à la rigueur être confondue avec l'Alouette à nuque rousse (voir photo via outils, recherche par mot clé), mais chez cette dernière seule la nuque est rousse, pas le front, le sourcil n'est pas aussi blanc et marqué que chez la Cendrille, et surtout ce sont les primaires des ailes qui sont rousses, ce qui n'est pas le cas chez la Cendrille, et pas les épaulettes. La sous-espèce de Cendrille locale est la "spleniata".
Alouette cendrille adulte (Red-capped lark, Calandrella cinerea ssp spleniata), Vallée de l'Hoarusib, Parc national de la Côte des Squelettes, Namibie. Le nid est souvent un creux dans le sol, tapissé d'herbe sèche au pied d'un buisson. La ponte compte 2 ou 3 œufs, rarement 4. L' incubation dure 12 à 15 jours. Les poussins, nourris en moyenne 8 fois par heure, quittent le nid après 9 à 18 jours. La principale cause d'échec de la reproduction est la prédation des poussins, qui en élimine au moins 50%. Des couvées de remplacement sont possibles et dans l'ensemble l'espèce n'est pas menacée.
Traquet tractrac adulte (Tractrac chat, Emarginata tractrac), Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Un petit traquet plus pâle que le Traquet aile-en-faux. Le croupion et la base de la queue sont blancs ou crème (orange ou chamois chez l'Aile en faux et
le Traquet familier). Comme chez tous les traquets, le patron de la queue joue un rôle essentiel pour l'identification. Chez le Tractrac, nommé d'après l'onomatopée de son cri, croupion et queue sont pâles, mais avec des rectrices centrales sombres comme l'extrémité des autres rectrices, le tout formant un Y inversé qui n'atteint pas la base de la queue (plus large triangle inversé chez l'Aile en faux et T inversé chez le Familier).
Tisserin safran (Holub's golden weaver, Ploceus xanthus), mâle adulte, Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Un Tisserin assez commun au Nord de l'Afrique australe, particulièrement identifié parmi les autres Tisserins jaunes (la majorité le sont), par son iris jaune clair, et non orange ou noir comme il l'est chez la plupart des autres. Nous l'avions déjà rencontré à Kwando lagoon, au Botswana.
Tisserin safran (Holub's golden weaver, Ploceus xanthus), femelle adulte venant de capturer une chenille, Vallée de l'Hoarusib, Kunene, Namibie. La femelle, plus pâle que le mâle, n'était pas loin, et venait de capturer une chenille avec laquelle elle s'envola. Peut-être pour la porter à des petits qui l'attendaient dans leur nid. Nous l'avons en tout cas perdue de vue.
Bergeronnette du Cap adulte (Cape wagtail, Motacilla capensis), Shipwreck Lodge, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie Un petit oiseau identifiable par sa longue queue souvent oscillante et son dessous clair marqué d'un large collier noir. Abondante dans toute l'Afrique australe. L'oiseau le plus vu autour du lodge.
Gladiateur bacbakiri adulte (Bokmakierie, Telophorus zeylonus), Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Un oiseau de taille moyenne (22 à 25 cm, 50 à 75g), spectaculaire par son dessus gris et vert et surtout son dessous jaune éclatant, dont la gorge est soulignée par un large collier noir. Au vol, la queue verte et noire a une extrémité jaune. On le trouve dans les zones riches en buissons.
Guêpier de Madagascar (Olive bee-eater, Merops superciliosus ssp alternans), Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des Squelettes, Kunene, Namibie. Outre sa nidification à Madagascar, ce guêpier est un migrant intra-africain qui se reproduit aussi au Nord de l'Afrique australe et particulièrement de la Namibie (sous-espèce alternans). Il ressemble au Guêpier de Perse (Merops persicus) mais s'en distingue par plusieurs détails: calotte brune lavée de vert et non franchement verte, menton blanchâtre et non jaune, et sourcil blanc et non vert.
LES MAMMIFÉRES DE LA VALLÉE DE L’HOARUSIB : Nous en avons identifié 8 espèces pendant les 3 jours passés au Shipwreck lodge, dont 4 dans la vallée de l’Hoarusib. A savoir1 Eléphant de
savane adapté au désert, 17 Oryx gazelles ou Gemsboks, 14 Springboks (Springbucks, Antidorcas marsupialis) , espèce dont on trouvera plusieurs photos dans la section
Vallée de l’Hoanib) et 2
Babouins Chacmas. Nous aurions probablement vu quelques espèces supplémentaires
si nous avions consacré notre dernière journée à continuer de remonter la vallée de l’Hoarusib : de nouveau des girafes, peut-être des lions, voire un Rhinocéros noir, un Guépard, ou un Caracal.
Mais nous ne voulions pas manquer notre chance de voir enfin une ou plusieurs Hyènes brunes, un mammifère que nous n’avions jamais encore pu observer dans de bonnes conditions, et dont nous avions
fait l’un des principaux objectifs de notre voyage!
Eléphant de savane adapté au désert (Desert-adapted Bush elephant, Loxodonta africana), jeune mâle solitaire (14 ans) se nourrissant dans la vallée de l'Hoarusib, Côte des Squelettes, Namibie. Cet éléphant solitaire était bien connu de notre guide qui lui donnait 14 ans. Alors que plusieurs générations de femelles coexistent généralement dans les groupes familiaux menés par une matriarche, les jeunes mâles en sont expulsés à l'époque de leur puberté, soit entre 10 et 14 ans. Ils vivront ensuite seuls, ou se regrouperont en petits groupes de quelques individus d'âges différent.
Eléphant de savane adapté au désert (Desert-adapted Bush elephant, Loxodonta africana), jeune mâle solitaire dans la vallée de l'Hoarusib, Parc National Côte des Squelettes, Namibie. L'éléphant se nourrissait dans une cuvette plutôt verte, qui avait du conserver l'humidité assez longtemps si l'on s'en réfère à la hauteur de l'herbe. C'est le seul que nous ayons vu dans cette vallée. Il aurait fallu y consacrer une journée supplémentaire pour en voir plus, mais nous avions bien l'intention de rechercher la Hyène brune le lendemain!
Gemsboks ou Oryx gazelles (Gemsbok ou Southern Oryx, Oryx gazella), Vallée de l'Hoarusib, Côte des squelettes, Namibie. L'Oryx de gauche est probablement un jeune mâle selon ses cornes relativement courtes et épaisses. Plus difficile de trancher pour l'autre, caché par l'entassement de rochers. Tous deux montaient à leur rythme une pente escarpée conduisant à une zone plus verte.
Gemsbok, ou Oryx gazelle (Gemsbok ou Southern oryx, Oryx gazella), mâle adulte, Vallée de l'Hoarusib, Côte des Squelettes, Namibie. Un autre mâle Gemsbok, cette fois dans un environnement plus vert. Dont il semble d'ailleurs avoir bien profité pour recharger ses réserves, si on en croit sa panse bien pleine!
Chacmas (Chacma baboons, Papio ursinus), adultes escaladant une falaise en vue d'y rechercher des oeufs ou d'y passer la nuit, Vallée de l'Hoarusib, Parc National de la Côte des squelettes, Namibie. Sur le chemin du retour nous avons observé ces Babouins Chacma reconnaissables à leur queue "cassée", qui escaladaient une falaise comme ils le font souvent le soir pour passer la nuit à l'abri des prédateurs. Leur but pouvait aussi être la recherche de nids dont ils consommeraient les œufs, voire les poussins!
30 Novembre : A LA RECHERCHE DE LA HYENE BRUNE !
Après discussion avec notre guide Shimii, il s’avéra que c’était prés de la colonie d’otaries à fourrure de Möwe Bay que nous avions le plus de chance de rencontrer l’animal recherché. Les hyènes
brunes se nourrissent en effet principalement de charognes, et les colonies d’otaries constituent pour elles une source très importante et régulière de nourriture : placentas et membranes émis
par les mères lors de la mise bas, mieux encore pour elles bébés otaries mort-nés, voire tués par les hyènes elles-mêmes. On voit donc souvent cette espèce autour des colonies d’otaries.
Nous sommes donc partis tôt pour mettre toutes les chances de notre côté. Les Hyènes brunes sont en effet principalement nocturnes. C’est ainsi qu’après un peu plus de 2h½ de piste le long de la
côte, pendant lesquelles nous avons rencontré quelques oiseaux et 2 chacals à chabraque, nous avons pu observer d’assez prés une Hyène brune adulte
au niveau du hameau proche de la station météorologique de Möwe Bay, soit à quelques centaines de mètres de la colonie d’otaries.
Nous avons ensuite rejoint les Otaries à fourruredu Sud que nous avons pu observer plus d’une heure. Ce après quoi nous avons repris le 4/4 et continué de longer la Côte des squelettes
sur quelques km supplémentaires dans la direction du Sud, jusqu’à atteindre l’embouchure de la rivière Hoanib prés de laquelle nous avons trouvé plusieurs empreintes
fraiches de lions , et pu observer quelques Flamants nains et 1 Flamant rose immature, avant de rebrousser chemin pour rentrer au lodge.
Au cours de ces 6 heures d’exploration en 4/4, nous avons ainsi pu observer :
8 espèces d’oiseaux dont :
6 espèces aquatiques :
2 Gravelots à front blanc et 2
Gravelots élégants (Chesnut-banded plover, Charadrius pallidus),
2 espèces de la famille des Charadriidés. Nous avions déjà observé la seconde près de Walvis Bay, dans le Dorob National Park)
1 Héron cendré (Grey heron, Ardea cinerea, famille des Ardéidés), longeant la côte au vol
1 Flamant Rose immature et 10 Flamants nains (Lesser flamingo, Phoeniconaias minor) se nourrissant dans l’embouchure de la rivière Hoanib (2
espèces de la famille des phoenicoptéridés, photos de
Flamants nains disponibles dans la section
Baie de Walvis et Parc National du Dorob
9 Goélands dominicains (famille des Laridés)
affairés à se nourrir entre les otaries (voir photos prises la veille ainsi que ci-dessous au milieu de la colonie d’otaries).
2 espèces de Passereaux de la famille des Corvidés :
2 Corneilles du Cap (Cape crow, Corvus capensis)
8 Corbeaux pie (Pied crow, Corvus alba) voir photos prises dans la colonie d’otaries la veille ainsi que ci-dessous.
Gravelot à front blanc ((White-fronted plover, Charadrius marginatus), adulte en plumage nuptial, Möve bay, Skeleton Coast National Park, Namibie. Ils étaient en fait 2, qui se reposaient au dessus d'une plage. Ce petit limicole peut être observé le long des rivages, lacs, et grandes rivières de presque toute l'Afrique subsaharienne, mais surtout en Afrique australe. Pas très nombreux (on n'en a compté que 19000 sur les côtes de l'Afrique du Sud), ils ne semblent pas menacés.
Flamant rose immature (Greater flamingo, Phoenicopterus roseus), Embouchure de la rivière Hoanib, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Flamants roses juvéniles et immatures se distinguent des adultes par leur couleur blanc sale ou grise. Le rose apparait progressivement après un an, jusque un maximum entre 4 et 7 ans. Le bec spécialisé "à peignes" lui permet de filtrer l'eau et de se nourrir de divers invertébrés et végétaux en suspension qu'elle contient.
Corneille du Cap adulte (Cape crow, Corvus capensis), Parc National de la Côte des squelettes, Namibie. Un corbeau de taille moyenne, proche ce celle du corbeau pie et de notre Corneille noire, mais plus élancé que ces derniers. Rencontrée en Afrique australe et Afrique de l'Est, le plus souvent comme dans notre cas en couple, et dans presque tous les milieux, hormis les déserts les plus secs. Nous n'étions pas très loin de l'embouchure de la rivière Hoanib quand nous avons vu le couple.
Également 3 espèces de mammifères, toutes de l’ordre des Carnivores (Carnivora) et du sous-ordre Caniformia créédans le cadre d’un remaniement récent de
la nomenclature pour regrouper tous les carnivores partageant certaines caractéristiques des chiens :
2 Chacals àchabraque (famille : Canidés, Genre Lupulella, espèce Lupulella mesomelas, dénomination qui a récemment remplacé « Canis adustus
» suite à un remaniement de la nomenclature)
plus d’une centaine d’Otaries à fourrure du Cap (Ordre Carnivora, sous-ordre Caniformia, famille Otaridés, Genre Arctocephalus).
Nous avons aussi observé des traces fraiches de 2 Lions adultes (Panthera leo, sous ordre Feliformia selon l’évolution récente de la nomenclature) sans parvenir à voir
les lions eux-mêmes.
Hyène brune (Brown hyena, Parahyaenna brunnea), adulte rentrant au terrier en début de matinée, Möve Bay, Skeleton Coast National Park, Namibie. Ce carnivore principalement nocturne de la famille des Hyénidés se distingue de la Hyène tachetée par sa taille plus petite, ses oreilles plus pointues, sa crinière de poils longs et clairs, et ses patte claires à rayures noires. Elle consomme principalement des charognes, et ne sait tuer que des proies de petite taille (rongeurs, très jeunes otaries) alors que la hyène tachetée sait aussi tuer des proies de taille moyenne à importante. Les Hyènes sont les seuls animaux capables de digérer les os et donc leur moelle. Ce qui explique la couleur blanc crayeux de leurs déjections.
Hyène brune (Brown hyena, Parahyaena brunnea) sortant de son terrier, Möve Bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Un clan de hyènes brunes compte jusque 3 mâles et 5 femelles reproductrices, et occupe un territoire de 240 à 480 km2 selon la disponibilité de la nourriture. Ces animaux marquent le sol de secrétions odoriférantes issues de glandes anales, qui leur permettent de délimiter leur territoire.
Hyène brune adulte (Brown hyena, Parahyaenna brunnea), Möve Bay, Skeleton Coast National Park, Namibie. Les portées de Hyène brune comptent jusque 3 petits. Du fait de la grande taille des territoires, les parcours de recherche de nourriture peuvent prendre plus de 24h. Les mères laissent donc souvent leurs petits dans un terrier communautaire où ils peuvent être allaités par une autre mère du clan. Suite à leur piégeage et leur empoisonnement, les hyènes brunes n'occupent plus que 50% de leur territoire originel et leur population continue de décroitre.
Chacal à chabraque (Black-backed jackal, Lupulella mesomelas), adulte efflanqué, Möve Bay, Côte des squelettes, Namibie. On aurait pu confondre cet animal avec un Chacal à flancs rayés (Lupulella adusta) du fait de l'ébauche de ligne blanche sur son flanc. Mais ce dernier ne vit pas dans les déserts, et de plus l'extrémité de sa queue aurait alors été blanche. Ce chacal à chabraque est particulièrement maigre, et son pelage est en mauvais état. Sa santé n'est manifestement pas excellente. On ne mange pas tous les jours dans le désert!
Chacal à chabraque (Black-backed jackal, Lupulella mesomelas), Möve Bay, Côte des Squelettes, Namibie. Cette fois aucun doute quant à l'espèce "à chabraque", avec ce dos noir jusque l'extrémité de la queue. Ils étaient en fait 2, toujours proches, à une dizaine de mètres de la Hyène brune . Probablement l'escortaient-ils pour grapiller le relief de ses repas, ce qui pourrait expliquer leur état général beaucoup meilleur que celui du précédent.
Empreinte de Lion adulte (Lion paw's print, Panthera leo) laissée dans un sol humide , Parc National de la côte des squelettes, Namibie. C'est sur la berge de l'embouchure de la rivière Hoanib dans l'océan que notre guide releva les empreintes de 2 lions adultes. Nous ne sommes pas parvenus à voir ces félins. Les 3 lobes de leur coussinet arrière étaient typiques de l'espèce, et les griffes des 4 doigts antérieurs s'étaient bien imprimées dans le sable humide. Il y a quelques années; les lions du désert avaient été presque éradiqués de cette zone. C'est le développement du tourisme qui les sauva, les Namibiens réalisant que par cet intermédiaire les lions devenaient pour leur communauté une source de revenus significative.
En ce qui concerne les 0taries à fourrure du Sud , les photos ci-dessous montrent que cette fois nous avons pu saisir plus des comportements de leur vie courante, du fait
qu’il s’agissait de notre seconde visite, et que nous disposions de plus de temps pour les observer.
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), mâle adulte se reposant avec 2 de ses femelles, Möwe bay, Parc National de la Côte des squelettes, Namibie. Premiers individus à nous accueillir à l'approche de la colonie, ce mâle jeune, si l'on en croit sa taille encore relativement modeste, accompagné par les 2 premières femelles de son harem. Noter les petites oreilles, qui différencient les otaries des Phoques, qui n'en ont pas.
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), une petite partie de la colonie de Möwe Bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Au premier plan, un gros mâle entouré de son harem et de nombreux bébés à fourrure noire, comme celle de quelques adultes encore mouillés après leur sortie de l'eau. Au fonds l'océan, comme souvent furieux et rugissant..
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), entre farniente et baignade, Colonie de Möwe bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Un peu plus loin il y a aussi foule, mais si beaucoup d'otaries se prélassent au soleil, de nombreuses autres sont à l'eau, certaines pour le seul plaisir de la baignade tandis que d'autres sont plus prosaïquement occupées à pêcher. En noir les bébés et les otaries au sortir de l'eau.
Otaries à fourrure du Sud ((South-African Fur Seals, Arctocephalus pusillus), Conflit de voisinage. Möwe Bay, Namibie. Tout n'est pas toujours rose dans la vie en société. Il faut s'efforcer
de respecter une distance minimum si l'on veut s'éviter des manifestations d'agressivité!
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seals, Arctocephalus pusillus), Femelle adulte et juvénile en adoration mutuelle, Möwe Bay, Namibie. Au delà de l'impression de douceur et d'affection qui semble émaner de cet échange de regards de regards entre mère et bébé, on peut se demander ce qu'ils se disaient vraiment ???
Otaries à fourrure du Sud ((South-African Fur Seals, Arctocephalus pusillus), Femelle adulte et juvénile. Plus prudent de le déménager! Möwe Bay, Namibie. En fait elle lui disait probablement "On s'en va, il y a un grand escogriffe qui nous regarde à travers une sorte de fusil!". Et pour une otarie, pas besoin de faire courir son petit. Il suffit de le saisir le plus délicatement possible par la peau, qu'il a ample, pour le transporter! Notez dans le coin inférieur droit le squelette d'une otarie nouvelle-née qui n'a pas survécu aux premiers jours.
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), interaction tendre mère-bébé, Möwe bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. De nouveau beaucoup de tendresse semble-t-il dans cet échange de regards et ce frottement de moustaches! A noter également le détail d'un des membres avant, transformés en nageoires.
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), mère transportant son bébé, Möwe bay, Parc National de la Côte des squelettes, Namibie. Mais de nouveau notre présence à une quinzaine de mètres ne passe pas inaperçue dans un pays ou beaucoup de bébés otaries sont massacrés. Et oui, à Möwe Bay comme dans les autres colonies, c'est en les soulevant par la tête ou le cou que se transportent les bébés! A noter le détail des membres postérieurs chez la mère et le bébé. Contrairement aux phoques, chez les otaries ils peuvent se replier sous le corps.
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), crèche de nourissons et sa gardienne, Möwe bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Mais c'est souvent dans des crèches surveillées par un ou quelques adultes que sont réunis les bébés pendant que leurs mères sont parties pêcher pour se nourrir et surtout entretenir leur lactation, ou pour les plus grands juvéniles leur rapporter du poisson. Celle-ci comptait au moins 11 bébés.
Otaries à fourrure du Sud (South-African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), crèche de juvéniles, Möwe bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Cette crèche comptait 16 bébés gardés par au moins 2 des mères. En haut et à gauche un gros mâle se vautre sous le soleil, étalant l'un de ses membres arrière et permettant d'en analyser la morphologie. Lorsque la mère part pêcher plusieurs jours, c'est une autre mère qui allaitera son petit jusqu'à ce qu'elle revienne.
Otarie à fourrure du sud (South African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), juvénile semblant égaré, Möve bay, Parc National de la Côte des Squelettes, Namibie. Ici et là on voyait toutefois quelques bébés probablement égarés, perplexes, semblant rechercher leur mère ou leur crèche.
Otarie à fourrure du sud (South African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), juvénile égaré, Möve bay, Parc National de la côte des squelettes, Namibie. Celui-ci aussi semblait tout à fait perdu. Nous l'avons vu tourner autour de rochers qui lui obstruaient la vue pendant plus de 15 mn. Noter la morphologie des membres antérieurs qui, formant des sortes d'équerres lui permettant de relever l'avant du corps et de marcher, alors que les phoques ne peuvent que ramper. Dans l'eau ces membres deviendront de larges palmes qui lui serviront de nageoires puissantes.
J'ai retrouvé Maman! Otaries à fourrure du sud (South African Fur Seal, Arctocephalus pusillus), mère et bébé un moment égaré, Möve bay, Parc National de la côte des squelettes, Namibie. Heureusement le bébé a finalement retrouvé sa mère et nous avons assisté à des retrouvailles émouvantes. Un bébé qui ne figurera pas le lendemain matin ou le suivant parmi les petits cadavres morts de faim et de froid pendant la nuit, ou achevés par des chacals ou même des hyènes brunes.
Goéland Dominicain (Kelp gull, Larus dominicanus) consommant un placenta et des membranes fraichement émis par une Otarie à fourrure, Möwe Bay, Namibie. Ces gros laridés opportunistes auront vite fait disparaitre toute trace de la mise bas sans que cela semble importuner les otaries!
Corbeau pie (Pied crow, Corvus albus), adulte entamant le cadavre d'une jeune otarie à fourrure, Möwe bay, Côte des squelettes, Namibie. Les Corbeaux Pie jouent aussi un rôle de charognards dans les colonies reproductrices. On en voit ici un qui s'attable devant le cadavre d'un bébé otarie probablement mort-né.
Corbeaux pie (Pied crows, Corvus alba) finissant la carcasse d'un mammifère, Möwe Bay, Parc National de la Cöte des Squelettes, Namibie. C'est cette fois sur une plage distante de seulement quelques dizaines de mètres de la rookerie que ce couple s'acharne à consommer tout ce qui peut encore l'être sur une carcasse difficilement identifiable.
C’est ainsi que se termina notre séjour dans le Parc National de la Côte des Squelettes, qui fut pour nous une expérience très forte. La matinée du lendemain fut occupée à rejoindre en 4/4 l’air-strip
sur lequel nous attendait notre avionnette. Le trajet jusque le célèbre Parc National d’Etosha, dernière étape de notre voyage, et plus particulièrement l’aéroport Namutoni, fut relativement court,
les 2 sites se situant à une latitude proche (voir la première carte de la section présente).