Chronique de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon

On entend sous le nom de Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon (MTB) un ensemble de 5 bassins créés sur le territoire de la commune en 1966, le long du canal d’Aires à La Bassée. D’importants travaux d’approfondissement avaient été entrepris à l’ époque, qui ont permis à cette voie fluviale d’accéder au statut de Canal à grand gabarit selon les normes Européennes. Ces bassins servaient alors à la décantation des boues extraites pendant les travaux. Ils ont ont été dénommés « Dépôts des Voies Navigables de France », chacun recevant un numéro faisant partie d’une série consécutive. Six dépôts de ce type ont été construits à Mont-Bernanchon. Après la fin des travaux, ces dépôts, qui appartiennent toujours aux Voies navigables de France, ont été désaffectés. Ce qui a permis le développement d’une riche vie naturelle. En conséquence, l’ensemble des dépôts (un peu plus de 45 hectares) a été classé ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique), eu égard à la richesse de son contenu botanique et de sa faune (plus particulièrement en amphibiens et oiseaux) . Je compléterai ultérieurement l’historique de la constitution de cette Réserve Naturelle fondée sous l’impulsion de Madame Raymonde Trollet-Da Silva, à l’époque Maire de la commune. Il faut préciser qu’à ce jour la Réserve n’a pse été enregistrée officiellement. Je remercie Mme Marie Claude Duhamel, présente Maire de Mont-Bernanchon, ainsi que Mr Guy Lefebvre, longtemps premier adjoint à la mairie, pour les informations qu’ils m’ont fournies à cet égard.

La carte ci-dessous (montre la situation et les voies d’accès à ces anciens dépôts que je qualifierai parfois de « Bassins ». Elle précise aussi leur numérotation de 49 à 54, qui reste leur dénomination actuelle. Le bassin 54 est le plus vaste et celui dont la vie aviaire est la plus riche. Mais chacun des autres présente son intérêt. Le bassin 49 n’est pas habituellement considéré comme faisant partie de la Réserve, car sa partie encore en eau est devenue l’Etang départemental de pêche, tandis que sa partie boisée, asséchée pour sa plus grande part, a été louée par les voies Navigables, à la Société de Chasse de Mont-Bernanchon. Il n’en a pas moins un intérêt naturaliste certain, renforcé par les bassins des huttes de chasse adjacentes, l’ensemble n’étant chassé qu’une partie de l’année. Le bassin 52, qui est presque complétement asséché et dont l’interêt ornithologique est moindre, a aussi été loué à cette Société de chasse.

Carte des bassins de Mont-BernanchonCarte des bassins de Mont-Bernanchon Cette carte de Mont-Bernanchon (MTB) s'articule autour du Canal d'Aires à La Bassée dont le tracé la traverse en oblique. Les numéros localisent les 6 bassins de décantation ou "dépôts ». Le centre de MTB se situe en face du Dépôt 53 dont il est séparé par le canal. Le double trait plus fin qui traverse le canal est la route de Béthune qui le traverse au niveau du Pont de Saint-Venant. Sur la droite, c'est le Pont de Supply qui le traverse à son tour prés du dépôt 54, permettant de rejoindre le village d’Hinges via le riez du vinage. Le village de Robecq se situe à gauche de la carte, et celui de Gonnehem au dessous de celle-ci.

La présente chronique se veut un relais de celle que Claude Jougleux, assisté d’un groupe d’ornithologues régionaux, au premier rang desquels Bernard Compagnon, a tenu de 2000 à 2013 sur son site http//claude.jougleux.free.fr. Ce site, toujours consultable, a répertorié un grand nombre d’observations des plus intéressantes. Comme il l’a fait à cette époque, je souhaite avant tout sauvegarder une trace de la riche vie naturelle qui s’est développée avec le temps dans les 6 bassins de décantation de cette commune. Mais tout autant, ce document ce document est conçu comme un outil de sensibilisation des habitants de MTB et des environs à la richesse environnementale de cette belle commune, ainsi que peut-être, pour certains, une initiation à l’ornithologie ou au moins à l’identification des oiseaux locaux. La plupart des photos publiées sur ce site ont été prises par Jacques ou Françoise Buvat, sauf mention différente à la fin du titre de la photo. Elles peuvent être reproduites à condition d’en demander l’autorisation.

Je complèterai ultérieurement l’historique de la Réserve Naturelle et ajouterai une présentation de chacun de ses dépôts, soulignant leurs intérêts spécifiques.

2023

Dépôt ou bassin 54

JANVIER 2023, le 5

Fuligules morillon (Tufted duck, Aythya fuligula), adultes nuptiaux, Réserve Naturelle de Mont Bernanchon, Hauts de France. Fuligules morillon (Tufted duck, Aythya fuligula), adultes nuptiaux, Réserve Naturelle de Mont Bernanchon, Hauts de France. La femelle, toute brune, précéde les 2 mâles. La visibilité de la huppe du mâle, typique de l'espèce, et qui lui vaut son nom anglais, est inconstante. Sur cette photo elle n'est évidente que chez le second mâle. Mais le "pattern" de la répartition du blanc et du noir est caractéristique de l'espèce.
Grands cormorans adultes (Great Cormorant, Phalacocrorax carbo) pêchant dans le bassin du dépôt 54. Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Grands cormorans adultes (Great Cormorant, Phalacocrorax carbo) pêchant dans le bassin du dépôt 54. Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. les Grands Cormorans sont des hôtes réguliers du dépôt 54. Son bassin est très poissonneux. Ils y pêchent donc régulièrement. A l'âge adulte ce sont de gros oiseaux (longueur jusque 1métre, envergure jusque 1m50), tout noirs. La poitrine des jeunes individus reste cependant blanche toute leur première année, facilitant leur identification.
Grands cormorans (Great cormorants, Phalacocrorax carbo) perchés sur l'extrémité Nord-Est de leur dortoir, Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Grands cormorans (Great cormorants, Phalacocrorax carbo) perchés sur l'extrémité Nord-Est de leur dortoir, Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Les Grands Cormorans sont d'autant plus souvent observés sur le Dépôt 54 qu'il y ont établi un dortoir. Celui-ci a d'abord occupé la berge Nord-Est de son bassin. La photo montre au moins 8 Grands Cormorans sur l'arbre l'arbre qui l'a supporté le premier. Depuis 2 ans, suite à des travaux d'élagage, le dortoir s'est étendu à plusieurs autres arbres sur la berge Sud-Est.

Les 13 et 14 : Comptage Wetlands international étalé sur 2 jours du fait d’un important brouillard le 13 : Total observé pendant ces 2 jours sur l’ensemble de la partie du site de MTB (Mont-Bernanchon) évaluée chaque année à cette occasion (Bassins 51, 53 et 54 + canal d’Aires à La Bassée dans sa partie traversant la commune) :

Mouette rieuse (Black-headed gull, Chroicephalus ridibundus), adulte internuptial au vol, Dépôt 54, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Mouette rieuse (Black-headed gull, Chroicephalus ridibundus), adulte internuptial au vol, Dépôt 54, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Une mouette commune et très grégaire, souvent observée sur ce dépôt. Le très grand nombre vu ce jour là à Mont-Bernanchon comme dans les communes avoisinantes était toutefois inhabituel. Sont typiques de l'espèce les ailes pointues à bord antérieur blanc, en plumage internuptial comme sur ce cliché la tête blanche hormis la tâche parotique noire (au niveau des oreilles), alors que la tête est brun-chocolat en plumage nuptial), la base du bec et les pattes rougeâtres.
Fuligule milouin (Common pochard, Aythya ferina), mâle en plumage d'hiver, Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont Bernanchon, Hauts de France.Fuligule milouin (Common pochard, Aythya ferina), mâle en plumage d'hiver, Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont Bernanchon, Hauts de France. Prototype des canards "plongeurs", qui plongent pour trouver leur nourriture, par opposition aux canards de surface qui, comme le Colvert, se contentent de basculer vers l'avant pour l'atteindre. Noter le profil concave de la ligne reliant le front à l'extrémité du bec, bec, caractéristique de l'espèce, y compris chez la femelle. Ainsi que la bande transversale gris clair sur le bec qui est tout noir en période nuptiale. Le rouge de la tête est aussi plus terne qu'en plumage nuptial et l'avant et l'arrière de l'oiseau sont gris-brun foncé plus terne que le noir brillant de l'oiseau nuptial.
Foulque macroule (Eurasian coot, Fulica atra), Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de FranceFoulque macroule (Eurasian coot, Fulica atra), Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France Une silhouette familière pour tous que cette grosse boule noire (en moyenne 40 cm de long) agrémentée d'un bec blanc comme la plaque frontale qui constitue sa "marque de fabrique". Observé toute l'année sur la plupart des plans d'eau de notre région.
Grande Aigrette (Great egret, Ardea alba), se reposant sur le Dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Grande Aigrette (Great egret, Ardea alba), se reposant sur le Dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Outre par sa taille, on distingue la Grande Aigrette de la plus petite Aigrette garzette par son bec, qui est jaune la plupart du temps. Ce n'est qu'en période de reproduction qu'il devient noir, mais la Grande Aigrette est alors absente de Mont-Bernanchon. Ses pattes sont aussi totalement noires, y compris les pieds, alors que ceux de la Garzette sont distinctement jaunes.
Huit Grandes Aigrettes (Great Egret, Ardea alba) et 2 Aigrettes garzette (Little Egret, Egretta garzetta) perchées à la tombée de la nuit sur leur ancien dortoir du Dépôt 54,  Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Huit Grandes Aigrettes (Great Egret, Ardea alba) et 2 Aigrettes garzette (Little Egret, Egretta garzetta) perchées à la tombée de la nuit sur leur ancien dortoir du Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Ce dortoir fréquenté quotidiennement pendant plusieurs années a été abandonné du fait de dérangements excessifs. Episodiquement des aigrettes le réinvestissent pour quelques jours ou semaines, comme ce fut le cas en Janvier 2023. Malgré la pénombre régnant à l'heure tardive de ce cliché, on distingue la couleur jaune des becs des Grandes aigrettes. Les 2 garzettes sont plus petites, et tournent le dos.
Ouette d'Egypte adulte (Aegyptian goose, Apolochen Aegyptiaca) , Mont Bernanchon, Hauts de France.Ouette d'Egypte adulte (Aegyptian goose, Apolochen Aegyptiaca) , Mont Bernanchon, Hauts de France. Une grosse oie principalement beige, hormis son manteau brun et une tâche chocolat autour des yeux. Commune dans toute l'Afrique sub-saharienne. A envahi une partie de l'Europe suite à son introduction comme oiseau de parc. Classée espèce invasive en France. Observée régulièrement dans les Hauts de France où elle est moyennement abondante.

Autres observations remarquables faites sur la commune de MTB en Janvier : 2 Bécasses des bois et 8 Grosbecs casse-noyaux le 25 Janvier.

Bilan de la Réserve mi-AVRIL : prometteur à ce stade puisqu’on y observait :


Nous avions également revu dés le mois de Mars les premiers Busards des Roseaux, de retour de leur migration annuelle en Afrique. Les Busards font partie des espèces vedettes de la Réserve. Ils s’y sont implantés de longue date puisque leur présence y fut répertoriée dés le premier relevé ornithologique de ce qu’on appelait alors « La Zone Naturelle des Dépôts de Voies Navigables de France de Mont-Bernanchon », il y a presque 20 ans. Ce relevé et les suivants peuvent êtres trouvés sur le site de Claude Jougleux (http//claude.jougleux.free.fr). Un mâle et 2 femelles y sont signalés le 2 Mars 2005, puis 2 femelles et 2 mâles paradant le 17. L’espèce y sera de nouveau observée chacune des années suivantes jusqu’à la fin des mises jour de ce site en Février 2017.

J’ai moi-même observé des Busards chaque année sur l’un ou l’autre des dépôts à partir de 2015 lorsque, nouveau retraité, j’ai pu me consacrer à plein temps à l’ornithologie. J’ai aussi pu y constater presque chaque année le succès de la reproduction d’au moins un couple : En 2016, après que le couple des Busards ait semblé installer son nid dans une zone reculée et particulièrement tranquille du Dépôt 54 (angle Nord-Est, à l’arrière de la roselière), c’est finalement sur le Dépôt 51 que j’ai vu apparaitre en Août 3 juvéniles volants escortés de leur mère. J’ai pu les suivre et les photographier presque quotidiennement pendant plus de 2 semaines. La tentative initiale sur le Dépôt 54 avait donc priori échoué. En 2017, ce sont cette fois 5 juvéniles que j’ai observés. (photos et détails ci-dessous).

Busard des roseaux juvénile (1er trimestre),Réserve Naturelle de-Mont-Bernanchon, Hauts de France Busard des roseaux juvénile (1er trimestre),Réserve Naturelle de-Mont-Bernanchon, Hauts de France Le 8 Juillet 2017, à 5h du matin je m'apprêtais à participer à une séance de baguage sous la gouverne de Camille Duponchelle lorsque j'aperçus au loin un gros oiseau noirâtre perché sur un grand buisson émergeant de la roselière du Dépôt 51. La brume s'estompait, faisant place à un soleil radieux. Quelle fut mon excitation lorsque je réalisais qu'il s'agissait d'un jeune busard, selon les marques jaunâtres observables sur sa tête. Sa tolérance à mon approche me donna l'impression qu'il n'était sorti du nid que depuis peu.
Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus) juvénile de premier trimestre vu de face, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts-de-France.Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus) juvénile de premier trimestre vu de face, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts-de-France. En balayant le dépôt de mes jumelles, je réalisais qu'il n'y avait pas un seul, mais 5 jeunes busards, chacun perché à la cime d'un arbuste, et peu farouche. Dans cette espèce , les juvéniles sont reconnaissables à leur plumage brun-noir, nettement plus foncé que celui des adultes. Mais le principal critère d'identification est la couleur jaune orange ou parfois jaune brun de leur calotte et de leur gorge, bien visible sur ce juvénile qui faisait face à l'objectif.
Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus),  juvénile de premier-trimestre vu de profil, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts-de-France.Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), juvénile de premier-trimestre vu de profil, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts-de-France. Sur cet autre juvénile, vu cette fois de profil, on distingue aussi le trait sourcilier sombre qui englobe l'œil. Il est parfois difficile de distinguer un busard juvénile d'une femelle adulte, dont la gorge et la calotte sont également claires. Mais chez la femelle adulte, la zone claire est plutôt grisâtre que jaunâtre. De plus, chez la femelle adulte, mais habituellement pas chez le juvénile, l'avant de l'aile et éventuellement le centre de la poitrine sont aussi plus clairs, mais de nouveau plutôt grisâtres que jaunâtres (voir des photos de femelles adultes plus loin, ou en les recherchant par l'outil recherche par mot clé).
Busard des-roseaux juvénile (premier-trimestre), troisième individu, vu cette fois de dos, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Busard des-roseaux juvénile (premier-trimestre), troisième individu, vu cette fois de dos, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. On retrouve chez ce troisième juvénile les principales caractéristiques du plumage du premier trimestre: totalement sombre, plus que celui des adultes, y compris des femelles, hormis la calotte et la gorge jaunâtres. L'iris est sombre, et le restera chez la femelle, tandis que chez le mâle il deviendra jaune, mais seulement à partir de la 3éme année.

En 2018, l’envol à 2 reprises d’une femelle Busard à quelques mètres d’un sentier que j’empruntais régulièrement pour observer la faune locale me fit découvrir un nid contenant 2 œufs (photo ci-dessous). Suite à quoi je modifiai l’itinéraire de mes relevés ornitho pour ne pas déranger de nouveau le couveur. Tenant compte du fait qu’il s’agissait a priori d’une ponte débutante (la ponte complète comporte 3 à 8 œufs chez cette espèce), ainsi que de la durée d’incubation chez ces Busards (31 à 34 jours), enfin du fait que les jeunes busards ne s’envolent pas du nid avant au moins 30 jours, de façon à ne pas mettre en péril cette couvée j’ai évité le secteur pendant les 6 semaines suivantes. Je ne suis revenu contrôler ce nid qu’après 45 jours, mais n’ai alors retrouvé ni nid,ni œufs, ni poussin. Le nid avait a priori été détruit ou abandonné. Cette année là, je n’ai pas observé de jeune Busard dans la Réserve, suggérant qu’il n’y avait pas eu de ponte de remplacement.

En 2019, j’ai de nouveau découvert fortuitement le nid des Busards. Il se situait près d’une zone où devaient se tenir quelques semaines plus tard des séances de baguage risquant de faire échouer la couvée. J’informais les bagueurs de cette reproduction en cours, de la nécessité d’éviter de poser leurs filets dans la zone correspondante, et plus généralement de la parcourir. Après concertation des bagueurs avec avec leur organisme de tutelle, le Museum d’Histoire Naturelle, il apparut utile de baguer les jeunes busards au cas où la couvée évolue. Avec l’accord du responsable local du Groupe Ornithologique Nord (GON), qui participa à l’opération, j‘indiquais donc l’emplacement du nid. Visité le 23 Mai, il contenait 5 poussins dont 2 franchement hypotrophiques (photos ci-dessous). Seuls les 4 plus gros furent bagués. La très petite taille et le manque de vigueur du plus petit ne permettaient pas d’espèrer qu’il survive plus de quelques jours. Les femelles Busard des roseaux pondent tous les 2 jours, et commencent à couver dés le premier œuf. De ce fait, les naissances sont échelonnées. Les derniers poussins, nés plusieurs jours après les premiers, sont moins vigoureux et donc moins à même de lutter efficacement avec leurs frères et sœurs plus grands pour s’octroyer une partie de la nourriture apportée par leurs parents. Ils meurent souvent de faim, quand ils ne sont pas tués et mangés par leurs ainés dans une période de disette. Ce comportement est fréquent chez les grands rapaces, le ou les derniers nés constituant souvent une réserve de nourriture pour le reste de la couvée dans des périodes où la chasse des parents serait moins couronnée de succès.

Nid de Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus) contenant 2 oeufs, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Nid de Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus) contenant 2 oeufs, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Nid révélé un 5 Avril par l'envol inattendu de la couveuse lors de mon passage dans la roselière. Une coupe de roseaux à peine esquissée, contenant 2 œufs blanc-bleuté. Ponte a priori incomplète (sinon 3 à 7 œufs). Nid ensuite abandonné ou détruit (détails dans le texte ci-dessus).

Il faut rappeler à cette occasion que tenter de photographier un nid d’oiseaux sauvages contenant des œufs ou des poussins, particulièrement s’il s’agit de rapaces, est contraire à l’éthique ornihologique si cette tentative expose à un risque d’abandon de la couvée du fait du dérangement des adultes. On doit donc se l’interdire. Ce ne peut être envisagé que dans quelques situations exceptionnelles, incluant l’intèrêt scientifique de baguer des espèces peu courantes pour pouvoir ultérieurement suivre le devenir des oiseaux bagués, ce qui était dans une certaine mesure notre cas. Cette séance combinant baguage et photos n’a pas en tous cas eu de conséquence fâcheuse pour le développement des poussins, puisque j’ai pu quelques semaines plus tard observer à 2 reprises jusque 3 juvéniles volants dans le dépôt où s’était déroulée la couvée.

Nid de Busards des roseaux contenant 5 poussins, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Nid de Busards des roseaux contenant 5 poussins, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Au centre de la photo on peut voir les vestiges de la coupe de roseaux qui constitua le nid initial. Les tailles des 5 poussins sont très dissemblables. Deux d'entre eux (au centre et à droite) sont franchement hypotrophiques. Le plus gros, tout en bas, l'est 3 fois plus que le plus petit, à droite de la photo. Ce dernier, par ailleurs peu réactif, ne fut pas bagué, car à l'évidence il ne survivrait pas plus de 2 ou 3 jours.
Busards des roseaux (Western marsh Harriers, Circus aeruginosus), poussins au nid, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busards des roseaux (Western marsh Harriers, Circus aeruginosus), poussins au nid, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Pas trop stressés jusque là par l'irruption de quatre humains dans leur environnement habituellement plus tranquille!
Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), poussin de quelques semaines juste après son baguage, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), poussin de quelques semaines juste après son baguage, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Une minute après son baguage à la patte droite, le poussin paraissait calme. L'ouverture de son bec s'expliquait probablement par la chaleur en cette fin de matinée ensoleillée, mais il ne se débattait pas. La comparaison de ses dimensions à celle des mains qui le supportent donne une idée de sa taille à ce stade. Il s'agissait du plus gros des 5 poussins de cette couvée.
Busard des roseaux (Western marsh harrier, Circus aeruginosus), poussin au nid juste après son baguage, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busard des roseaux (Western marsh harrier, Circus aeruginosus), poussin au nid juste après son baguage, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Certainement un peu stressé et sur la défensive, mais lorsque nous les avons quittés, aucun des petits busards ne s'était éloigné de son nid.

En 2020, avec mon épouse Françoise, nous avons pu observer et photographier le 1er Août sur le dépôt 54 un Busard des roseaux adulte accompagné de 2 juvéniles qui interagissaient bruyamment et fougueusement, sur un mode évoquant par moments certaines phases des parades nuptiales adultes (photos ci-dessous). Nous avons ensuite revu la même famille à 3 reprises jusque le 11 Août. Des adultes avaient été observés régulièrement sur le dépôt 54 au cours du mois de Juillet. Il est donc probable que cette fois, la nidification a eu lieu sur ce même dépôt. Les jeunes se perchaient souvent sur l’angle Nord-Est du dèpôt, appelant leur parent qui les y nourissait (a priori leur mère, car c’est elle qui, dans cette espèce, prend principalement en charge les juvéniles lorsqu’ils quittent le nid). Cette zone Nord-Est un plateau herbeux proche du dortoir des Grands Cormorans, qui a été progressivement envahi par la roselière et par des taillis. Elle n’est pas accessible aux promeneurs, et l’est très difficilement aux naturalistes. Un couple de Busards avait déjà tenté d’y nicher en 2016 (voir plus haut). En cette année 2020, il est probable que ce soit dans cette zone tranquille que les Busards se soient installés pour nicher.

Busards des roseaux (Western marsh harrier, Circus aeruginosus) apparemment très excités, et se chamaillant en vol, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busards des roseaux (Western marsh harrier, Circus aeruginosus) apparemment très excités, et se chamaillant en vol, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Les plumages des 2 oiseaux sont brun très sombre, presque noirs, à l'exception, pour l'oiseau du haut de la calotte et de la nuque, jaune orangés, comme la gorge de l'oiseau du bas, dont la calotte n'est pas visible. Il semble donc bien s'agir de 2 busards des roseaux en plumage juvénile. Tous 2 poussent des cris aigus, presqu'incessants.
Busards des roseaux juvéniles en vol (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), interaction acrobatique de 2 juvéniles de premier trimestre, Réserve Naturelle de MTB, Hauts de France. Busards des roseaux juvéniles en vol (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), interaction acrobatique de 2 juvéniles de premier trimestre, Réserve Naturelle de MTB, Hauts de France. Le busard du haut semble menacer l'autre, ou plutôt feint de le faire, car il s'agit probablement d'un jeu. Celui du bas réagit par une position défensive acrobatique, pattes en l'air, comme s'il volait sur le dos! On peut aussi observer ce type de figure au cours des parades nuptiales d'adultes.
Busards des roseaux juvéniles (Circus aeruginosus) se chamaillant, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busards des roseaux juvéniles (Circus aeruginosus) se chamaillant, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. La joute se poursuit, toujours accompagnée de piaillements incessants. Nous reverrons la petite famille 2 puis 4 jours plus tard, toujours signalée par les cris incessants de l'un des juvéniles, puis une dernière fois 10 jours plus tard, cette fois silencieuse, tandis qu'un seul des juvéniles accompagnait sa mère.

En 2021, c’est le de nouveau sur le dépôt 51 que j’ai pu observer le 10 Juillet, à l’occasion d’une séance de baguage, 3 jeunes Busards des roseaux. C’est probablement l’un d’entre eux que j’observais 10 jours plus tard avec sa mère sur le 54. Puis dans la soirée du 31 Juillet je découvrais 2 magnifiques grands juvéniles chassant tard le soir sur la partie Nord-Est du Dépôt 53 où ces oiseaux ont ensuite passé la nuit (photos ci-dessous). Il est probable, mais pas certain, que les jeunes Busards observés le 20 Juillet et le 1 er Août faisaient partie des 3 vus sur le 54 le 10 Juillet.

Busard des roseaux (Western marsh harrier, Circus aeruginosus), juvénile chassant sur le Dépôt 53 de la Réserve naturelle de Mont-Bernanchon l(Hauts de France) le 31 Juillet 2021. Busard des roseaux (Western marsh harrier, Circus aeruginosus), juvénile chassant sur le Dépôt 53 de la Réserve naturelle de Mont-Bernanchon l(Hauts de France) le 31 Juillet 2021. Chez cet oiseau d'une taille presque adulte, on aurait pu discuter qu'il s'agisse d'une femelle adulte plutôt que d'un juvénile. Mais la nuance rousse et non crème de la calotte et de la gorge, comme l'absence de zone pâle au niveau du ventre plaident franchement en faveur d'un juvénile.
Second Busard des roseaux juvénile observé le 31 Juillet 2021, chassant sur le Dépôt 53 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Second Busard des roseaux juvénile observé le 31 Juillet 2021, chassant sur le Dépôt 53 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Comme le busard précédent, il est très peu probable qu'il se soit agi d'une femelle adulte. Cet oiseau était par ailleurs très probablement né sur le Dépôt 51 (plus de précisions dans le texte).

Jusque là un seul couple de Busards semblait s’être reproduit chaque année à Mont-Bernanchon. Toutes les reproductions semblaient s’être déroulées sur le territoire de la Réserve, chaque fois, à une exception prés, sur le même dépôt. Mais en 2022, ce sont 2 couples de busards qui se sont reproduits simultanément à MTB. L’un d’eux a couvé et élevé ses 2 jeunes sur le même dépôt que les années précédentes. Hervé Touzart, qui a suivi cette reproduction avec les précautions d’usage, nous a autorisés à publier quelques-unes de ses très belles photos (ci-dessous, et un peu plus loin, au niveau des critères d’identification du sexe des adultes) . Nous l’en remercions vivement. Par ailleurs, pour la première fois,au moins découverte ou rapportée, c’est en dehors de la Réserve, dans un champs de blé qui n’en était à vrai dire distant que d’une centaine de mètres, qu’un second couple a procréé avec succès (3 poussins non encore volants au moment de sa découverte). Depuis déjà plusieurs années, on signale en Europe une tendance croissante à la nidification de l’espèce en dehors des zones humides habituellement préférées. Peut-être du fait de la diminution progressive de ces zones. Probablement aussi du fait de l’augmentation du nombre de couples reproducteurs, devant se partager des zones humides moins nombreuses

Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte apportant un campagnol à sa progéniture, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.(Photo Hervé Touzart).Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte apportant un campagnol à sa progéniture, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.(Photo Hervé Touzart). Chez les Busards des roseaux comme chez beaucoup d'autres espèces, c'est le mâle qui assure la nourriture de la femelle et des poussins pendant les premières semaines de la reproduction. On distingue bien entre ses serres le petit rongeur qu'il vient de capturer, très probablement un campagnol, ou rat de terre. Ce rongeur pullule dans les champs à la période de sa reproduction, et constitue l'une de ses principales proies. A cette occasion, le Busard contribue à limiter son nombre, et les importants dégâts qu'il occasionne aux cultures.
Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte apportant une autre proie à ses petits,  Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.
(Photo Hervé Touzet)Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte apportant une autre proie à ses petits, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. (Photo Hervé Touzet) Bien difficile cette fois d'identifier dans cette masse sanglante la proie qu'apporte le mâle Busard. Les busards sont des chasseurs opportunistes. Outre les petits mammifères, ils consomment des œufs et des petits oiseaux, particulièrement des poussins de foulques et de poules d'eau, des petits reptiles, des grenouilles, et même des insectes.
Busard des roseaux (Western Marsh harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte nuptial apportant un petit rongeur à sa progéniture, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Hervé Touzart.Busard des roseaux (Western Marsh harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte nuptial apportant un petit rongeur à sa progéniture, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Hervé Touzart. Comme le suggère cette autre très belle photo, les allers et retour du mâle ont été très nombreux avant que les juvéniles puissent s'émanciper. Une fois acquise leur autonomie thermique, la femelle pourra contribuer à leur alimentation. L'envol surviendra vers 6 semaines, mais ils devront encore être nourris environ 6 autres semaines, période pendant laquelle ils apprendront à chasser, principalement avec leur mère, avant de devenir autonomes.

Comme précisé plus haut, nous avions également revu dés le 30 Mars les premiers Busards des Roseaux, de retour de leur migration annuelle. Deux couples au moins s’étaient reproduits sur le territoire de la commune l’année précédente, dont l’un, comme presque chaque année, sur le Dépôt 51. Le 4 Avril, 4 Busards étaient présents sur le 54: 3 mâles qui semblaient tous courtiser la seule femelle. L’un des mâles a rapidement mis de l’ordre dans l’agitation qui en résultait, avant de copuler avec la femelle (photos plus bas). Les 2 autres mâles se sont éclipsés, et je ne les ai plus jamais vus houspiller la demoiselle. Par contre les tourtereaux sont revenus plusieurs jours de suite sur le 54 pour des vols nuptiaux spectaculaires. Précédant des accouplements qui, au moins pour ceux qui ont eu lieu sur le 54, survinrent tous sur la même branche, visible de l’observatoire (photos ci-dessous). Ce couple est probablement celui qui s’est reproduit cette année 2023 sur le dépôt 51.

Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), femelle adulte nuptiale, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), femelle adulte nuptiale, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Plusieurs soirs de suite en ce début d'Avril, cette femelle se posa au sommet du même arbrisseau et y stationna de longues minutes. Ce soir là, sous le soleil couchant, son plumage habituellement plus sombre paraissait presque roux. On distingue bien toutefois des zones plus pâles typiques de son genre au niveau de sa calotte et du haut de ses ailes.
Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), couple adulte se préparant à copuler, Dépôt 54 de la Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), couple adulte se préparant à copuler, Dépôt 54 de la Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Cette femelle attendait en fait le mâle avec lequel elle s'était appariée quelques jours plus tôt. Celui-ci ne tardait jamais à s'approcher, tandis que le comportement de lsa partenaire, tête déjà abaissée arrière train surélevé, suffisait à exprimer son attente d'une copulation et par là d'une fécondation.
Couple de Busards des roseaux (Circus aeruginosus) se préparant à l'accouplement, freinage du mâle à l'approche de la femelle, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Couple de Busards des roseaux (Circus aeruginosus) se préparant à l'accouplement, freinage du mâle à l'approche de la femelle, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Piquant rapidement vers la femelle toujours en position d'accouplement, le mâle freinait la fin de sa descente en modifiant l'orientation de ses ailes et de sa queue.
Couple de Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus) se préparant à copuler. Atterrissage du mâle sur la  femelle, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Couple de Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus) se préparant à copuler. Atterrissage du mâle sur la femelle, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Depuis qu'elle avait aperçu le mâle, la femelle s'était figée dans la position la plus favorable à la copulation. Il n'y avait donc plus qu'à passer à l'acte, ce qui risquait de ne pas être simple, vu l'apparente gracilité des branches sur lesquelles elle était perchée.
Copulation d'un couple de Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus),  Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de FranceCopulation d'un couple de Busards des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France Copulation plutôt sportive pour d'aussi grands oiseaux. Mais finalement, bien que la branche sur laquelle la femelle s'était arrimée m'ait semblé gracile, les amoureux sont parvenus à leurs fins en gardant leur équilibre. A peine une minute plus tard, le mâle a repris son vol pour aller se poser sur une branche du dortoir des Grands cormorans, tout proche.
Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte, Dépot 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Busard des roseaux (Western Marsh Harrier, Circus aeruginosus), mâle adulte, Dépot 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Tandis que la femelle resta longtemps encore immobile sur la branche qui avait supporté la copulation, rêvant peut-être des œufs qu'elle pondrait bientôt, le mâle reprit son vol aussi tôt l'acte fini. J'ai eu le plaisir de revoir les mêmes protagonistes plusieurs fois les jours suivants, paradant ou copulant de nouveau, puis, en Juillet, de nouveau la mère accompagnée cette fois d'un juvénile volant (photo plus loin).

En cette année 2023, le Groupement Ornithologique Nord (GON) a mis en place un programme de protection des nids de Busards. Le GON est une association sans but lucratif qui réunit des personnes s’intéressant à la vie animale, depuis les insectes jusque les mammifères, et plus particulièrement aux oiseaux. J’en ai été membre dés les années 60 et j’encourage très vivement les passionnés de nature à y adhérer. Pour en revenir à la protection des nids de Busards, elle est justifiée par le fait que les différentes espèces de Busards nichent habituellement au sol, et souvent dans des champs de céréales. C’est particulièrement de plus en plus souvent le cas du Busard des roseaux, comme je l’évoquais plus haut à propos des nidifications de 2022 à MTB. Au cas fréquent où les poussins n’ont pas encore pris leur envol au moment de la moisson, leur nid étant caché par les grandes tiges des céréales, ils sont broyés par la moissonneuse. Mais si le nid a été repéré préalablement, le propriétaire du champs peut en être averti, et différentes mesures de protection peuvent être mises en place avec son accord.

C’est dans ce contexte qu’une demi-douzaine d’ornithologues qualifiès, incluant entre autres Olivier Fontaine, responsable du « Butor », la section locale du GON, Antoine Murat et Flavian Guérin, ont joint leurs efforts pour tenter de préciser le nombre de couples de Busards des roseaux implantés sur la commune de MTB. Leur but étant d’éviter de méconnaitre l’un des leurs nids, que ce programme vise à protéger. La présence simultanée d’ornithologues sur plusieurs sites de la commune, jointe aux possibilités de communication téléphonique ou whatsapp au fur et à mesure des observations, devait contribuer à éviter de comptabiliser plusieurs fois les mêmes busards. Selon Flavian Guérin qui participait à cette opération, 3 couples de Busards des roseaux auraient ainsi été identifiès dans les limites de la commune. Les caractéristiques morphologiques de l’un des mâles, particulièrement sa couleur inhabituellement sombre, semblent avoir largement contribué à différencier ces couples.

Les nids de chacun de ces couples auraient ainsi pu être plus facilement localisés, et les mesures de protection mises en place lorsqu’elles s’avéraient nécessaires. Au final, selon Flavian Guérin qui a largement contribué à la coordination du programme dans la région de Béthune,chacune des couvées correspondantes aurait permis l’envol de plusieurs juvéniles, avec une moyenne de 3 par couple comme dans le reste de la région. Pour ma part, obligé de quitter MTB à 2 reprises en ce printemps 2023, je n’ai pu suivre de prés que le couple ayant occupé principalement les bassins 51 et 54. Le concernant, je n’ai pu observer, au mois de Juillet, qu’un seul juvénile volant , accompagné de sa mère (photo au début du compte-rendu du second semestre). Il faut préciser que les données qui m’ont été aimablement communiquées par Flavian Guérin correspondaient surtout à des moyennes des performances reproductives constatées dans l’ensemble des couples nicheurs suivis par le programme de protection des nids dans le Béthunois. Plus qu’à des données spécifiques des quelques couples qui se sont reproduits dans les limites géographiques de la commune.

Très peu d’aigrettes identifiées sur les bassins à cette époque.Une seule garzette vue une fois sur le dépôt 54 en Avril et aucune en Mai. Un peu plus le long du Grand Nocq (par exemple 3 derrière chez moi le 4 Avril), ou dans les prés humides de Calonne sur la Lys. Aucune n’a semblé utiliser à cette époque l’ilot dortoir du 54. La plupart des adultes avaient a priori quitté la région pour rejoindre leurs lieux de nidification, situés sur la côte, ou probablement pour certaines pour quelques certtaines, dans l’une des héronnière de la forêt de Nieppe où quelques nids de garzettes ont été récemment observés.

Aigrette garzette, adulte nuptial (Little egret, Egretta garzetta), Dépot 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de FranceAigrette garzette, adulte nuptial (Little egret, Egretta garzetta), Dépot 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France Cette photo d'une garzette reposant comme souvent sur une seule patte permet d'apprécier les 3 critères spécifiques de l'espèce: long bec noir et fin, longues pattes noires, à l'exception des doigts des pieds qui sont jaunes. En ce qui concerne le plumage, ne manquent pour un plumage nuptial complet que quelques plumes blanches longues et fines implantées sur la calotte et reposant sur l'arrière du cou. Mais celles du dos et du cou sont tout à fait typiques.
Grande Aigrette (Great Egret, Ardea alba), adulte internuptial  traversant le Dépôt 54 de la Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Grande Aigrette (Great Egret, Ardea alba), adulte internuptial traversant le Dépôt 54 de la Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. On voit sur ce cliché les critères spécifiques de la Grande aigrette hors période de nidification: outre la taille, plus grande que celle de la garzette, de longues pattes toutes noires, y compris les orteils qui seraient jaunes chez la garzette. Enfin un long bec jaune orange, sauf à la période de la nidification, où sa couleur fonce jusqu'à devenir noire, tandis que les lores (glossaire) verdissent. Jusqu'à présent l'espèce n'a jamais niché à MTB et nous n'y avons donc jamais vu de grande aigrette à bec noir. En période nuptiale, se développe aussi une profusion de longues plumes blanches implantées sur le dos, mais pas sur la calotte comme chez la Garzette (voir photo de Grande aigrette nuptiale en Louisiane via l'outil recherche par mot clé). Au vol, les ailes de la Grande aigrette sont nettement plus longues que celles de la Garzette, et leur battement est plus lent.
Nombres moyens d'Aigrettes garzette (courbe orange), de Grandes aigrettes (Courbe bleue) et de l'ensemble des aigrettes (courbe brune) comptées le soir sur le dortoir du Dépôt 54 en 2016.Nombres moyens d'Aigrettes garzette (courbe orange), de Grandes aigrettes (Courbe bleue) et de l'ensemble des aigrettes (courbe brune) comptées le soir sur le dortoir du Dépôt 54 en 2016. A partir de 2014 nous avons régulièrement compté les Aigrettes garzette (courbe orange) et les Grandes aigrettes (courbe bleue) qui rejoignaient chaque soir leur dortoir alors situé sur l'ilot du Dépôt 54. Les courbes représentent l'évolution au cours de l'année des nombres moyens de ces 2 espèces, ainsi que de l'ensemble des aigrettes, regroupées par quinzaine. On voit que c'est en Avril et en Mai que ces nombres sont les plus faibles. Ils le sont encore plus aujourd'hui, du fait des importants dérangements subis par les oiseaux qui y passaient la nuit à cette époque. Le dortoir est en effet à présent quasi vide.

Aucun Héron Garde-Bœufs n’avait encore été observé depuis le début de l’année.

Premiers Hérons garde-bœufs (Western cattle egret, Bubulcus ibis) photographiès  à Mont-Bernanchon, Hauts de France, le 18-04-17 au riez du vinage.Premiers Hérons garde-bœufs (Western cattle egret, Bubulcus ibis) photographiès à Mont-Bernanchon, Hauts de France, le 18-04-17 au riez du vinage. Ce troisième Héron blanc est apparu plus tard que les précédents dans notre région. Originaire d'Afrique, et aujourd'hui observable dans presque toutes les régions du monde, il a atteint le sud de la France en 1958, et le Nord en 1975, avec une première observation régionale le 2 Mars par Claude Jougleux. En plumage internuptial comme sur cette photo, il se distingue facilement des 2 espèces d'aigrettes par son bec orange vif.
Hérons garde-bœufs, (Western cattle egrets,Bubulcus ibis) autour de zébus, brousse de Somone, Région de Thiés, Sénégal.
Hérons garde-bœufs, (Western cattle egrets,Bubulcus ibis) autour de zébus, brousse de Somone, Région de Thiés, Sénégal. Une particularité de ce héron grégaire est de très souvent s'agréger autour de troupeaux de bovins, d'où son nom de Garde bœufs. On les voit ici au Sénégal autour de Zébus, remplacés sur la photo précédente par des Charolais français! Une recherche par mot clé sur ce site montrera d'autres photos sur lesquelles ces hérons sont associés à divers types d'antilopes, et même à des éléphants! Ces mammifères font en effet s'envoler les insectes dont se nourrissent ces Hérons, facilitant leur capture.
Hérons garde-bœufs (Western cattle egrets, Ardea ibis), adultes nuptiaux, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Hérons garde-bœufs (Western cattle egrets, Ardea ibis), adultes nuptiaux, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Le plumage nuptial de ce petit Héron très grégaire est typique, avec une calotte orange, comme la poitrine et le haut du dos. Les pattes, habituellement grisâtres, sont alors devenues roses.

Quinze à jusque 35 Grand Cormorans utilisaient quant à eux chaque soir leur dortoir situé au Nord-Est du bassin 54. Depuis un récente élaguage avec restructuration du principal arbre qui supportait jusque là ce dortoir, celui-ci s’est étalé jusque la partie Sud-Est de la berge du bassin. Comme les années précédentes, beaucoup de ces Grands Cormorans allaient bientôt quitter le site pour aller se reproduire au niveau de héronnières plus importantes et sécurisées comme celle de Cambrin . A moins que pour la première fois quelques uns d’entre eux s’emploient à nicher à Mont-Bernanchon ! Mais ils n’étaient déjà plus que 9 au dortoir le 24 Avril, 5 le 14 Mai, et 3 le 19 Mai. Chaque fois à 19h30 ou plus tard. Et de nouveau les Grands cormorans ne se sont pas reproduits à Mont Bernanchon en 2023.

Grand cormoran (Great Cormorant, Phalacocrorax carbo), adulte nuptial perché sur l'un des dortoirs de la Réserve de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Grand cormoran (Great Cormorant, Phalacocrorax carbo), adulte nuptial perché sur l'un des dortoirs de la Réserve de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Pas de dimorphisme sexuel chez les cormorans. On ne sait donc pas s'il s'agit d'un mâle ou d'une femelle. Vu de dos, il adopte la posture souvent qualifiée de "hiératique", debout, les ailes déployées et écartées plus ou moins à l'horizontale. Il est en fait en train de faire sécher son plumage. Chez les cormorans, la glande uropygienne, située au niveau du croupion, est atrophiée. Cette glande secrète normalement un liquide huileux dont les oiseaux enduisent leur plumage au cours de leur toilette, l'imperméabilisant. Faute d'en disposer, les cormorans "prennent" l'eau, ce qui les alourdit, les épuise à la longue, et pourrait aboutir à ce qu'ils se noient. Ils doivent s'astreindre à de telles séances de séchage avant de reprendre la pêche pour éviter ce risque.
Dortoir historique des Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacrocorax carbo) ou zone A, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Dortoir historique des Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacrocorax carbo) ou zone A, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. En 2016, lorsque j’ai recommencé à parcourir les dépôts de MTB, il existait déjà 2 dortoirs de Grands cormorans: un principal sur le Dépôt 54, et un autre plus petit sur le dépôt 50, occupé par moins de cormorans, et seulement par intermittences. Celui du 54 comportait déjà 6 à 8 grands arbres aux ramures plus ou moins jointives, implantés sur l’extrémité Nord-Est du dépôt, un peu au dessus et en arrière de la roselière Est qu’ils surplombent lorsqu’on les regarde depuis l’observatoire. La majorité des cormorans qui s’y perchent le font sur les arbres les plus au sud, donc à droite lorsqu’on inspecte ce dortoir depuis l’observatoire du dépôt. On en voit 5 sur cette photo. On en observe aussi souvent dans la journée, qui s'y reposent ou y font sécher leur plumage après la pêche.
Extension récente du dortoir historique des Grands Cormorans de Mont-Bernanchon à la berge sud du Dépôt 54 (Zones B à D)Extension récente du dortoir historique des Grands Cormorans de Mont-Bernanchon à la berge sud du Dépôt 54 (Zones B à D) Il y a 3 ans, suite à un élagage des arbres supportant le dortoir historique, des cormorans commencèrent à passer la nuit sur la berge Sud du dépôt, face à l’observatoire. Le dortoir en occupe maintenant la moitié Est soit, vu de l’observatoire, toute la partie à gauche de la saignée taillée au milieu de cette berge pour sécuriser la ligne à haute tension qui traverse le dépôt en son milieu, et qu'on devine en haut et à droite de la photo. Ce sont les 6 plus grands arbres de cette berge sud, qui sont occupés par les Cormorans. Pour faciliter mes décomptes, j’ai dénommé les 5 principales zones du dortoir actuel: Zone A: le dortoir historique. Zone B: 2 grands peupliers à l’angle Nord-Est du dépôt, peu fréquentés par les cormorans. Zone C, très fréquentée: 3 grands arbres à la ramure évasée, côte à côte entre B et D. Zone D, plus à droite, aussi très fréquentée, se termine au niveau de la tranchée surplombée par les câbles électriques qu'on devine en haut et à droite de la photo. Est aussi constituée de 3 grands arbres évasés dépassant les autres, face à l'ouverture frontale gauche de l’observatoire.
Zone C du dortoir de Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacocrorax carbo) du Dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de FranceZone C du dortoir de Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacocrorax carbo) du Dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France Sur cette photo prise depuis l'observatoire du dépôt 54, on distingue les 3 arbres utilisés par les Grands cormorans dans cette zone. Principalement pour y passer la nuit, mais aussi, en moins grand nombre pour s'y reposer dans la journée. On en comptait 11 ce soir là.
 Zone D du dortoir des Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacocrorax carbo) du dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Zone D du dortoir des Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacocrorax carbo) du dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. De nouveau ce sont 3 grands arbres qui supportent les Grands Cormorans. On en distingue 8 à gauche et 5 à droite. En haut et à droite on distingue aussi les câbles électriques qui marquent la limite Ouest du dortoir.
Dortoir des Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacocrorax carbo) du dépôt 50 de la Réserve Naturelle de Mont Bernanchon. Hauts de France.Dortoir des Grands Cormorans (Great cormorant, Phalacocrorax carbo) du dépôt 50 de la Réserve Naturelle de Mont Bernanchon. Hauts de France. Photo illustrant la notion peu connue d'un second dortoir de Grands cormorans à MTB. Prise au coucher du soleil, donc au pic de sa fréquentation. 10 Grands Cormorans dont 5 à poitrine blanche, donc de première année. Ce dortoir repose sur un seul arbre et n'est pas occupé toute l'année. Particulièrement du fait de la proximité de 5 huttes de chasse. Le vacarme des tirs tend à décourager les cormorans d'y passer la nuit pendant les 4 mois d'ouverture de la chasse au gibier d'eau. Données plus détaillées à venir avec la section consacrée au Dépôt 50.

Les Hirondelles de rivage étaient de retour depuis début Avril. Du 4 au 17 Avril, au moins 20 chassaient à 19h30 au dessus du bassin 54, parfois associèes à quelques Hirondelles Rustiques (5 le 13 Avril). Elles avaient manifestement l’intention de nicher autour du Pont Supply, voisin du bassin 54. Un site qu’elles avaient déjà occupé par le passé. J’en ai en effet observé plusieurs portant du matériel nécessaire à la construction de leur nid jusqu’aux trous des palplanches qui encadrent ce pont, dans lesquels elles installent souvent leur nid. Remerciements à Bernard Compagnon qui nous a fourni quelques photos personnelles permettant d’illustrer ce retour des Hirondelles dans la Réserve

Hirondelle de rivage (Sand Martin, Riparia riparia), adulte au vol, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Bernard Compagnon.Hirondelle de rivage (Sand Martin, Riparia riparia), adulte au vol, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Bernard Compagnon. Petite hirondelle à dessus brun et dessous clair peu visible sur cette photo en contrejour. Bande pectorale brune faisant ressortir la gorge blanche. Queue courte, sans les longs filets typiques de l'hirondelle rustique. Visiteuse d'été très liée à l'eau au dessus de laquelle elle chasse les insectes dont elle se nourrit.
Hirondelles de rivage adultes (Sand martin, Riparia riparia) proches de l'entrée de leur nid camouflé derrière la végétation, Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Bernard Compagnon.Hirondelles de rivage adultes (Sand martin, Riparia riparia) proches de l'entrée de leur nid camouflé derrière la végétation, Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Bernard Compagnon. On distingue mieux sur cette photo le dessous clair, à l'exception de la bande pectorale sombre qui met en valeur la gorge blanche. Il s'agit là du meilleur critère d'identification, de l'espèce, particulièrement au vol. Un autre critère, bien visible sur l'oiseau de droite, est la queue courte et sans filets.
Hirondelle rustique (Barn swallow, Hirundo rustica), adulte en vol, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Bernard Compagnon.Hirondelle rustique (Barn swallow, Hirundo rustica), adulte en vol, Réserve naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Bernard Compagnon. Silhouette typique par sa plus grande taille, ses longues ailes pointues et sa queue plus longue que celle de l'Hirondelle de rivage, encore prolongée par ses filets. Le contrejour ne permet pas d'apprécier ici les belles couleurs de cet oiseau: dessus noir à reflets bleus, face et gorge rouge sang, dessous blanc pur.

2023 s’annonçait comme une année à Bouscarles de Cetti. Alors que j’avais très rarement entendu jusque là plus d’un chanteur de cette espèce sur 2 voire 3 bassins de la commune, cette année il y avait au moins au moins une Bouscarle produisant régulièrement son chant explosif sur chaque bassin. Et même au moins 2 chanteurs sur chacun des bassins 51 et 54 , et peut-être aussi sur le 50. Mes prospections ultérieures montreront même qu’il y avait au moins 6 chanteurs sur le complexe formé par les bassins 51 et 52.

Bouscarle de Cetti (Cetti's warbler, Cettia cetti), adulte au vol, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Bouscarle de Cetti (Cetti's warbler, Cettia cetti), adulte au vol, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Une petite fauvette dépendante de l'eau et relativement abondante dans la Réserve. Dessus brun roux, queue plutôt longue et large, fin sourcil et cercle oculaire blanchâtres. On l'entend plus qu'on ne la voit, cachée dans la végétation basse. Son chant, souvent émis, particulièrement au passage du promeneur, est bref mais explosif, très caractéristique.
Bouscarle de Cetti (Cetti's warbler, Cettia cetti), gros plan sur la tête, d'un adulte, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Bouscarle de Cetti (Cetti's warbler, Cettia cetti), gros plan sur la tête, d'un adulte, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Ce gros plan illustre le marquage de la tête des Bouscarles adultes: d'une part cercle oculaire blanc, d'autre part sourcil blanchâtre qui peut comme ici se prolonger sur la nuque, et aussi vers l'avant sous la forme d'un trait traversant la partie haute de l'espace loral.
Bouscarle de Cetti (Cetti's warbler, Cettia cetti), adulte explorant la roselière du dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon.Bouscarle de Cetti (Cetti's warbler, Cettia cetti), adulte explorant la roselière du dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon. C'est dans la strate basse de la végétation bordant les plans d'eau qu'on rencontre le plus souvent les Bouscarles. Particulièrement comme ici dans les phragmitaies. On peut en observer toute l'année, car chez nous l'espèce est généralement sédentaire, ce qui l'expose au risque d'être décimée au cours des périodes de gel sévère et prolongé.

MAI 2023

Le 14 Mai, Guy Lefebvre avait la surprise de découvrir 9 canetons de Tadorne de Belon qui arpentaient la rue du pont Supply, encadrés par leurs parents. Probablement la couvée qui les avait produits s’était-elle déroulée auprès de l’un des nombreux étangs de chasse présents dans cette zone, lesquels avaient retrouvé leur calme depuis le 31 Janvier, date de la fermeture de la chasse au gibier d’eau.

Couple de Tadornes de Belon (Common shelduck, Tadorna tadorna) déambulant dans la rue  du Pont Supply) et encadrés par leurs parents. Mont-Bernanchon, Hauts de France.Couple de Tadornes de Belon (Common shelduck, Tadorna tadorna) déambulant dans la rue du Pont Supply) et encadrés par leurs parents. Mont-Bernanchon, Hauts de France. Découverte tout à fait inattendue que cette petite famille arpentant la voie publique au risque de se faire écrabouiller. On distingue bien sur la photo du mâle, à l'arrière, la large bande brun roux qui ceinture sa poitrine et l'arrière de son cou et qui manque chez la femelle.
Six poussins Tadorne de Belon (Common shelduck, Tadorna tadorna), refoulés dans le pré bordant la rue du Pont Supply,  Rietz du vinage de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Guy Lefebvre.Six poussins Tadorne de Belon (Common shelduck, Tadorna tadorna), refoulés dans le pré bordant la rue du Pont Supply, Rietz du vinage de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Photo Guy Lefebvre. Sous l'impulsion de Guy Lefebvre, parents et poussins se sont laissé refouler dans le pré qui longeait la rue, ce qui leur a peut-être sauvé la vie, et a en tous cas permis cette jolie photo. Le patron des marques blanches et noires de ces canetons est caractéristique de l'espèce.
Tadornes de Belon (Common Shelduck, Tadorna tadorna), promenade en famille, Ile de Texel, Pays-bas.Tadornes de Belon (Common Shelduck, Tadorna tadorna), promenade en famille, Ile de Texel, Pays-bas. Comme le montre cette photo prise sur l'Ile de Texel, j'ai moi même eu parfois l'occasion d'observer des scènes aussi attendrissantes. Le moins qu'on puisse dire en la comparant à celle de Guy Lefebvre est que les petits Tadornes Hollandais semblent sacrément plus disciplinés que les Français quand il s'agit de marcher au pas derrière leurs parents!

Eclosion des 2 couvées de Cygnes tuberculés : 4 Cygneaux blancs le 19 Mai sur le 54 , rapidement réduits à 3, mais qui allaient ensuite croitre sans problème. Sur le bassin 50, c’est le 31 Mai qu’apparaissaient 2 autres cygneaux, cette fois gris. Le faible nombre des pulli suggérait qu’il s’agissait de mères jeunes (premières couvées ?). Et que les géniteurs des années précédentes avaient disparu, possiblement emportés par la grippe aviaire qui avait tué au moins 4 de leurs juvéniles après qu’ils aient atteint la taille adulte.

Cygnes tuberculés (Mute swan, Cygnus olor), couple adulte accompagné de 3 cygneaux de 10 jours, Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon.Cygnes tuberculés (Mute swan, Cygnus olor), couple adulte accompagné de 3 cygneaux de 10 jours, Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon. Les cygnes tuberculés sont réputés pour leur fidélité, une fois qu'ils ont procréé avec succès. La ponte a lieu en Avril-Mai, 5 à 12 œufs pondus dans un nid très volumineux et couvés principalement par la femelle. Les éclosions sont synchronisées à 24h prés. Les poussins gagnent l'eau presque immédiatement.
Cygnes tuberculés (Mute swan, Cygnus olor) couple adulte accompagné de 3 juvéniles maintenant âgés de 3 semaines, Dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Cygnes tuberculés (Mute swan, Cygnus olor) couple adulte accompagné de 3 juvéniles maintenant âgés de 3 semaines, Dépôt 54 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. L'été approche, et le dépôt est maintenant encombré de pétales blancs de prunellier et d'aubépine. Les cygneaux ont bien grossi et sont toujours d'un blanc immaculé, ce qui correspond au "morphe clair", par opposition au "morphe gris" plus fréquent. Le morphe clair est lié à la présence d'un gène "leucistique", de plus en plus souvent rencontré en France, et qui n'a pas d'autre conséquence que cette couleur blanche des poussins. La différence avec le morphe gris, qui reste PLUS fréquent et traduit l'absence du gêne leucistique, disparaitra après la première mue, tous les jeunes cygnes devenant alors grisâtres jusqu'à l'adoption de leur plumage blanc définitif.
Cygnes tuberculés (Mute swan, Cygnus olor), femelle adulte et juvénile de 5 semaines, Dépôt 50 de la réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Cygnes tuberculés (Mute swan, Cygnus olor), femelle adulte et juvénile de 5 semaines, Dépôt 50 de la réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Sur le Dépôt 50, c'étaient cette fois deux cygneaux qui étaient nés, mais l'un d'eux disparut également rapidement. On notera qu'il s'agit cette fois d'un morphe gris, comme chez la majorité des cygneaux français. Le faible nombre des pulli de cette couvée suggère qu'il s'agit aussi d'une femelle jeune. Probablement pas de celle qui s'était reproduite en 2022 sur ce dépôt, et avait élevé 3 pulli, eux aussi disparus prématurément peu aprés que la grippe aviaire ait décimé la famille de cygnes du dépôt 54.

7 espèces d’anatidés fréquentaient alors le 54 :

Fuligules Milouins (Common Pochard, Aythia ferina), mâles se faisant dorer par soleil de Juin! Réserve Naturelle de MTB, Hauts de France.Fuligules Milouins (Common Pochard, Aythia ferina), mâles se faisant dorer par soleil de Juin! Réserve Naturelle de MTB, Hauts de France. Avec les beaux jours, on a commencé à trouver sur l'eau des Milouins semblant faire béatement la sieste au soleil! Ici 2 mâles nuptiaux dont les femelles étaient peut-être en train de couver.
Fuligule Milouin femelle ((Common Pochard, Aythia ferina) tirant profit du chaud soleil de Juin, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Fuligule Milouin femelle ((Common Pochard, Aythia ferina) tirant profit du chaud soleil de Juin, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Ce comportement de sieste au soleil concernait parfois aussi une ou deux femelles comme on le voit ici. Individus ne couvant pas encore, à moins qu'elles n'aient rejoint les mâles que pour quelques minutes avant de retrouver leur nid.
Fuligules morillon (Tufted duck, Aythya fuligula), Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Fuligules morillon (Tufted duck, Aythya fuligula), Dépôt 54, Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. La petite population de Morillons ne semblait comprendre en 2023 qu'un seul couple nettement constitué. On le voit ici traverser le Dépôt 54, la femelle, toute brune, précédant le mâle, quant à lui facilement identifié par ses flancs blancs.

Toujours associées à 3 espèces de Grèbes :

Les premières Fauvettes paludicoles venaient d’arriver ou ne tarderaient plus. Plus particulièrement observées sur les bassins 50, 51 et 53, mais aussi, en moindre nombre, sur le 54 :

Cette riche affluence faisait présager une reproduction abondante et variée dans la réserve.

Un premier mâle Tourterelle des bois commençait à chanter le 20 Mai sur le 51

Parmi les autres dates de premier chant entendu dans les étangs : Fauvette à tête noire le 24 Avril, Rousserolle effarvate le 4 Mai, Coucou gris le 5 Mai, Fauvette des Jardins et Pinson des arbres le 14 Mai.

A signaler encore dans le secteur Basse rue, le 14 05 et les quelques jours suivants une Perdrix rouge, reliquat probable d’un lâcher de la Société de Chasse de Mont Bernanchon. Par contre aucune Perdrix grise observée au cours du même printemps.dans cette zone où elles étaient peécédemment assez nombreuses.

Au même moment, les aigrettes étaient essentiellement absentes . Également peu de Grands Cormorans au dortoir : maximum 14 la première semaine, puis seulement 3 à 8 : la plupart étaient probablement partis se reproduire un autre site. Les Hirondelles de rivage semblaient quant à elles presqu’absentes : probablement couvaient-elles déjà.

JUIN 2023

10 Juin: Sur le 54, les Grèbes à cou noir sont maintenant 8 ! (même nombre vérifié le lendemain), soit un record local pour cette espèce réputée être plutôt en déclin en France). Toujours associés au couple de Grèbes huppés , et aux 2 couples de Grèbes castagneux.

7 Juin : vers 22h, chant de Chouette Hulottedans la basse rue de MTB ,le seul que j’aie entendu pendant ce trimestre .

8 Juin : 3 Faucons hobereausur le territoire de la commune .

10 Juin : Capture exceptionnelle d’une Rousserolle turdoïde lors d’une séance de baguage dans le dépôt 51. Cette capture d’un oiseau devenu très rare dans la région sera commentée plus loin, avec les autres résultats des séances de baguage, dans la section réservée au Dépôt/Bassin 51.

14 Juin : toujours 1 mâle de Sarcelle d’hiver en plumage nuptial et 1 Echasse blanche également sur le 54

15 Juin : 4 juvéniles d’Avocette élégante découverts prés d’une mare de chasse.

15 Juin 19H30 : 4 jeunes olibrius assis sur le toit de l’observatoire du 54 avec de la musique à tue-tête et de grands éclats de rire, très étonnés qu’on leur dise qu’ils dérangent les oiseaux, alors que de l’étang ces derniers ne devaient voir et entendre qu’eux !

28 Juin 21H : 7 autres olibrius s’agitent le long des berges du bassin 54 dont ils essaient en vain de faire le tour sous la végétation qui l’entoure ! Ils apparaissent périodiquement sur la berge en hurlant pour tenter de communiquer avec leurs copains, aussi perdus qu’eux-mêmes !

Suite à ces 2 évènements(en fait dés après le premier, mais la piqure de rappel a consolidé le désastre) , on ne verra quasiment plus sur le 54 que des foulques (maximum 177 le 31 Juillet) et des Colverts (maximum 109 le 18 Aout,donc juste prêts pour l’ouverture de la chasse au gibier d’eau !) J’avais observé précédemment 9 couvées différentes de colverts(définies par la présence d’une cane guidant des canetons de même age) sur ce bassin 54. Chacune comportait de 3 à 9 canetons lors de leur identification, certains ayant probablement déjà disparu avant que je repère la couvée. Soit un total d’au moins 116 canetons nés, sachant que bien sur tous ne sont pas ensuite parvenus à l’âge adulte! Il faut dire que, comme chaque année, on a assisté pendant cette période à une prolifération progressive et impressionnante de la la végétation de ce bassin. Offrant ainsi gite et couvert à de nombreux insectes aquatiques qui ont à leur tour permis à de nombreux oiseaux aquatiques de nourrir leur progéniture. D’où le succès du bassin à cette période.

N’ont fait exception à cet abandon soudain du bassin 54, outre les Foulques et les Colverts, que l’un des 2 ou 3 couples de Grèbes Castagneux qui y séjournaient jusque là. Ce couple a produit 2 pulli (= juvéniles), toujours présents à l’automne. Le ou les 2 couples de Castagneux du Bassin 50 s’y sont également reproduits, produisant au moins 3 juvéniles volants supplémentaires.

Les Aigrettes étaient toujours virtuellement absentes. Vu seulement 3 Garzettes pendant le second trimestre, toutes en Juin, dont une un soir sur l’ex-ilot dortoir du bassin 54, qu’elle quittera avant la nuit. Et ce bien que les années précédentes un peu plus de garzettes y soient souvent réapparues fin Juin, a priori de retour de leur site de nidification. Certaines passaient alors la nuit sur l’ilot dortoir ou sur le Dortoir Nord de ce bassin. Aucune Grande Aigrette en Juin , ce qui n’étonnait pas car historiquement les Grandes aigrettes sont toujours réapparues sur le 54 un peu plus tard que les garzettes.

Les Hirondelles de rivage étaient toujours relativement abondantes sur le 54, par exemple 15 le 24 Juin.

Peu de Grands Cormorans sur le dortoir du 54, maximum 1 à 3, principalement des oiseaux de première année, à poitrine blanche. Les adultes étaient toujours ailleurs, finissant de remplir leur tâche reproductrice, l’affaire la plus importante de leur vie, comme elle l’est pour les autres oiseaux, perspective de se prolonger au-delà de leur mort.

C’est enfin le 20 Juin que j’ai rencontré dans les dépôts mon premier Chevreuil de l’année (photo), un beau jeune brocart. En fait les nombreuses empreintes laissées par ses congénères dans les sentiers des différents Dépôts montraient que l’espèce était abondante dans la Réserve, et comme le confirmeront les observations ultérieures, probablement en nette augmentation.

Chevreuil d'Europe (Roe deer, Capreolus capreolus), brocard d'un an, Dépôt 51 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France.Chevreuil d'Europe (Roe deer, Capreolus capreolus), brocard d'un an, Dépôt 51 de la Réserve Naturelle de Mont-Bernanchon, Hauts de France. Un brocard est un jeune chevreuil mâle d'un an à un an et demi dont les bois ne sont pas encore ramifiés. MTB héberge au moins une trentaine de chevreuils qu'on peut observer aussi bien dans ses prés et ses champs dans chacun des 5 dépôts de sa Réserve où leur présence est révélée par de nombreuses empreintes. L'espèce résidait à l'origine dans le bois du Pacaut d'où elle a diffusé.

2025

JANVIER 2025

COMPTAGE WETLANDS 2025 A MONT-BERNANCHON

Comme chaque année, le Comptage WETLANDS a eu lieu le premier week-end de Janvier, plus précisément le Dimanche 12 à Mont-Bernanchon (MTB). Il y porte sur toute la longueur du canal d’Aires à La Bassée dans sa traversée de la commune, ainsi que sur les Dépôts 51, 53 et 54. Il y a été effectué cette année par Jacques et Françoise Buvat de 9h à 17h. Deux autres compteurs pressentis ont déclaré forfait au dernier moment, eu égard à d’importantes difficultés de circulation sur les routes secondaires de MTB, enneigées, verglassées et non dégagées). Une forte chute de neige était survenue 2 jours auparavant, suivie d’une fonte partielle, puis d’un gel franc de la neige fondue jusqu’au comptage. S’y ajoutait le matin même un brouillard verglassant.

Ces particularités météorologiques, tout au moins le gel, ont aussi impacté les résultats du comptage. Les 3 Dépôts concernés étaient en effet presque entièrement gelés depuis au moins 2 jours, ce qui expliquait probablement l’absence d’ une grande partie de leurs résidents habituels. Par exemple, sur le Dépôt 54 il n’y avait plus lors du comptage qu’environ 3m sur 4 d’eau maintenue libre par un couple de Cygnes tuberculés. N’y stationnaient qu’une vngtaine de Colverts associés à 9 Foulques,1 poule d’eau et 1 Sarcelle d’hiver. Deux jours auparavant, les Sarcelles étaient 26, accompagnées d’un trio de Chipeaux et de plusieurs Fuligules Milouins. Bon nombre des résidents hivernaux des dépôts les avaient donc quittés pour se réfugier sur le canal dont l’eau était restée libre grâce au passage régulier des péniches. Voire même, puisque si le canal regorgeait d’espèces courantes, particulièrement Foulques et Colverts, nous n’y avons observé aucun individu d’espèces moins banales, les oiseaux manquants avaient avaient pu quitter la région pour se réfugier plus au Sud, sur des zones où l’eau était libre.

De tels comportements n’affectent bien sur pas les résultats globaux du Wetlands en France et encore moins dans le monde, puisque les quelques oiseaux « manquants » sur les dépôts de MTB ont probablement été comptés ailleurs, et apparaissent donc dans le bilan global. Leur seul impact a été de fausser la répartition de la faune aquatique locale entre bassins d’eau stagnante, deshabités ce jour là, et canal à grand gabarit, beaucoup plus « peuplé » qu’il ne l’est couramment, la majorité des oiseaux séjournant habituellement dans les Dépôts s’y étant réfugiès ce jour là.

La petite population d’ardéidés qui ré-occupait l’ilot-dortoir traditionnel du Dépôt 54 au moins depuis début Décembre a aussi été affectée par le gel de Janvier. Alors que jusque 26 Hérons Garde-bœufs (HGB), associès à une Grande aigrette (GRA), étaient encore observés sur ce dortoir le 7 Janvier, le nombre des HGB chutait à 4 le 10, 2ème jour du gel du dépôt, 1 seul les 11 et 12 (gel total), puis aucun du 13 au 18 (dégel intercurrent). Ce jour là, le Dépôt 54 était dégelé, et une première GRA ré-apparaissait au dortoir, seule . A partir du lendemain, des HGB y sont revenus en nombre moindre, jusque 7, accompagnés de GRAs jusque 5 le 28 Janvier.

Ce comportement des ardéidés nous a rappelé celui que nous observions lors des coups de gel important dans les années 2015 à 2020, époque où ce dortoir était beaucoup plus fréquenté. Les HGB n’étaient pas encore arrivés à MTB, et l’hiver il s’agissait alors en majorité d’Aigrettes garzette associées à quelques Grandes. Dés que l’ilot dortoir était entouré de glace, le nombre des aigrettes qui y passaient la nuit diminuait, et à partir du 4éme jour de gel il n’y en avait plus.

Espèce Canal D51 D53 D54 Total
Grèbe castagneux 3 3
Grèbe huppé 2 1 1 4
Grand cormoran 4 4
Héron cendré 1 1
Grande aigrette 1 2 3
Héron garde-boeufs 2 1 3
Cygne tuberculé 4 4
Sarcelle d’hiver 1 1
Canard colvert 128 3 2 32 165
Râle d’eau 1 1
Poule d’eau 1 1
Foulque macroule 88 9 97
Mouette rieuse 10 10
Tous les oiseaux 242 5 4 45 297

Mis à jour le 13/04/2025 11:50

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